Le chorégraphe, Slimane Habes, est auteur de Polygamie (1993), Rue du jeune mur…e (1993), Corps et Ame (1994). Sa carrière de chorégraphe débute en 1991. Premier prix du théâtre professionnel d'Oran avec Noubat Fi Al Andalous, prix spécial jury au Festival expérimental d'Egypte avec Rihlet Hob, Slimane co-produit avec le chorégraphe Imad Djemaâ la pièce Sabre en 1998. Suivons-le. Quel est l'apport de la chorégraphie dans les spectacles de théâtre ? Généralement, nos comédiens axent dans leur jeu beaucoup sur le vocal alors qu'ils sont appelés à être des artistes complets. Le comédien moderne chante, danse, joue… Un chorégraphe ne fait que sculpter le corps du comédien. Avec Ghabret El Fhama (La Poudre de l'intelligence) et Antigone, la chorégraphie s'est imposée comme un élément important du spectacle… Oui, parce qu'on est parti sur une conception collective et multiple du spectacle. Ghabret El Fhama a été un véritable atelier de formation pour des comédiens qui n'ont jamais fait de danse auparavant. Le plus important consistait à travailler l'expression qui est dans le corps. Je m'inspire de ce qu'ils ont. On a tendance à croire que les spectacles chorégraphiques sont des représentations codifiées et qui s'adressent à un public bien défini…. Cela dépend. Tout spectacle reste fordja avant tout. Il y a le côté esthétique qu'il ne faut pas perdre de vue. Quelque part, la parole trahit, le geste non. On a des comédiens qui s'expriment autrement qu'avec la parole. Par moments, le public n'est pas obligé de comprendre l'histoire. Il faut lui communiquer du plaisir tout en préservant l'homogénéité du spectacle avec le texte et la mise en scène. Si on n'éprouve pas du plaisir dans ce qu'on fait, on ne pourra jamais le communiquer au public. Expérience concluante à Sidi Bel Abbès ? J'adore Sidi Bel Abbès. Le cadre est agréable. Il n'y a pas de censure ni d'autocensure. Je travaille avec des comédiens qui sont ouverts d'esprit. L'ambiance dans laquelle on évolue est très importante pour un artiste. Quelle est la place pour l'art chorégraphique dans le paysage culturel national ? C'est le parent pauvre de la culture. La danse, qui est un métier dur et ingrat, a besoin d'espace. Malheureusement, on est tout le temps considéré comme des artistes d'occasion. Pour que cet art ne disparaisse pas du paysage culturel algérien, il faut accorder plus d'espaces et de considérations aux chorégraphes. Les pouvoirs publics doivent préserver l'art d'écrire la danse.