« 1931, les étrangers au temps de l'exposition coloniale » est la première exposition temporaire produite par la Cité nationale de l'histoire de l'immigration. Elle sera visible au palais de la Porte Dorée du 6 mai au 7 septembre 2008. Paris : De notre bureau L'exposition « 1931 » évoque la situation des immigrants étrangers et coloniaux en France métropolitaine, en 1931. Dans cette période de l'entre-deux-Guerres, deux images contrastées s'imposent : la glorification de l'empire colonial français et de sa « mission civilisatrice » avec l'exposition coloniale du bois de Vincennes d'une part ; la présence de 3 millions d'étrangers en France qui en font le premier pays d'immigration au monde, d'autre part. « Interroger les représentations, confronter immigration et colonisation, croiser l'histoire des migrants coloniaux et celle des immigrés venus de l'étranger, pour essayer d'en dessiner les traits communs et les singularités » sont les lignes directrices de cette exposition qui les aborde par des éclairages thématiques : le travail, la politisation des étrangers, leurs statuts, leur vie en France et les représentations qu'en véhiculent les médias… Le travail Avec la question du travail, on observe d'un côté la diversité des emplois occupés par les étrangers et les migrants coloniaux (les usines, les mines, l'artisanat, les petits commerces, les professions libérales, les artistes et les intellectuels) et, de l'autre, les difficultés que pose, pour ces travailleurs immigrants, un contexte de crise économique. La politisation des immigrants étrangers et coloniaux Avec la question du rapport des immigrants étrangers et coloniaux au politique, on entr'aperçoit un contexte riche en débats et en mouvements, où les immigrants sont tantôt tournés vers la situation politique française, tantôt vers celle de leur pays d'origine. On retient notamment l'exemple des premières contestations de l'ordre colonial dans l'immigration (Messali Hadj, Ho Chi Minh, Leopold Sedar Senghor,) et des antifascistes italiens… L'Etat, les étrangers et les coloniaux En contrepoint de la politisation des migrants, vient leur évocation dans les discours politiques français (à la fois par l'Etat, par les partis politiques et par les syndicats) et, au-delà, la façon dont ils sont appréhendés par l'administration : quels sont les termes, les catégories et les dénominations utilisés pour parler des étrangers et des coloniaux ? Quels sont leurs différents statuts (notamment entre étrangers et coloniaux) ? Quel est l'arsenal des mesures coercitives mises en place à cette époque et quels groupes touchent-elles plus particulièrement ? La vie en France La question de leur vie en France et de leur présence dans la société française vient terminer ce tableau via des thèmes comme les mariages mixtes, l'école, l'armée, les lieux de sociabilité (associations, cafés, fêtes…) mais également leurs pratiques culturelles au sens large (bals musette, chansons populaires, sport, radio, cinéma…). Le rapport à l'autre Les représentations, et notamment celles véhiculées par l'exposition coloniale, sont à l'antipode de cette réalité sociale : mise en scène démesurée de l'empire, sa glorification, le rappel de la « mission civilisatrice » de la France outre-mer et de l'« exotisme des populations indigènes ». La question du rapport aux autres est également abordée à travers les marques de xénophobie de l'époque et leur diffusion par les médias (presse, tracts, affiches, caricatures, cinéma) comme, par exemple, l'utilisation de faits divers par la presse grand public pour associer étrangers, coloniaux et délinquants. Un catalogue coédité par les éditions Gallimard et la Cité accompagne l'exposition. Cet ouvrage, illustré de plus de 200 documents, réunit des textes de référence et les contributions de plus de vingt auteurs. Par ailleurs, en complément de l'exposition et sur toute la durée de celle-ci, la Cité programme un certain nombre d'événements : cycle de films, cycle de conférences, ateliers, promenades urbaines…