Une enquête a été menée par une équipe médicale du CHU de Constantine. Elle a sillonné la wilaya de Mila pour tirer des conclusions qui ont eu une grande portée sur la connaissance de l'iode. Il est connu que le sel est indispensable à la vie, de même que le sucre et bien d'autres biens de consommation qui, pris en excès, conduisent à des maladies chroniques comme l'hypertension artérielle, les maladies cardio-vasculaires ou le diabète. Pour en revenir au sel, l'enquête, menée par une équipe médicale du CHU de Constantine, sous la direction du Dr. Boudaoud Khalida, endocrinologue, est très révélatrice : 1 174 enfants scolarisés ont été examinés avec prélèvements de sang et dosages d'iode. Pendant plus d'une année, de 2005 à 2006, cette équipe a sillonné la wilaya de Mila pour tirer des conclusions qui ont eu une grande portée sur la connaissance de l'iode . Traitant du thème « L'iode : carence et conséquence », thème de l'enquête, le Dr. Boudaoud dira : « Le choix de Mila n'est pas fortuit puisque les dernières études menées par le ministère de la santé ont démontré que cette wilaya accuse une endémie sérieuse par rapport à d'autres régions du pays. Il faut savoir que la moyenne nationale avoisine les 11,5% des personnes atteintes par le goitre, une des nombreuses conséquences de la carence en iode ». Ce dernier existe à l'état composé dans l'eau de mer ainsi que dans les végétaux marins. L'iode est très peu soluble dans l'eau, c'est pourquoi on utilise souvent l'alcool pour le matérialiser. Il est également souvent utilisé comme composant médical. On connaît tous la teinture d'iode, mais ce que l'on sait moins, c'est que l'iode est tout simplement indispensable dans notre alimentation, et les risques encourus suite à son manque sont nombreux. Et d'ajouter : « Le déficit en iode est très pernicieux. La carence peut affecter des personnes à l'état fœtal et jusqu'à un âge avancé. Il y a d'abord le risque d'avortement pour une femme enceinte, ensuite un risque de crétinisme qui pourrait affecter les enfants dont les mères avaient une carence en iode ou qui sont en manque depuis leur naissance. L'iode est nécessaire à la synthèse des hormones de la thyroïde et une carence aboutira fatalement à une hypothyroïdie, des problèmes de goitre et à terme des cancers de la thyroïde ». Ces précisions du Dr. Boudaoud nous éclairent sur le rôle prépondérant de l'iode dans l'organisme. L'OMS, qui s'est fixé l'éradication totale des carences en iode à travers le monde, a encore du pain sur la planche car, si en Europe et aux Etats-Unis le problème ne se pose pratiquement plus, il n'en est pas de même en Afrique et dans certains pays du Tiers Monde. En Algérie, le problème ne se pose plus avec autant acuité mais demeure quand même important vu les incidences de l'absence d'iode signalées plus haut. Ce qu'il faut savoir aussi, c'est que la présence d'iode dans l'alimentation dépend de l'homme quant à la dose quotidienne. Si la France a choisi l'eau comme vecteur d'iodation, chez nous, par contre, c'est le sel qui a été retenu pour prévenir les carences en iode. C'est pourquoi, et toujours selon l'étude de l'équipe du CHU de Constantine, « après 546 prélèvements, seuls 64% des échantillons de sel analysés contiennent l'iode nécessaire à l'organisme, comme celui de l'Enasel où d'El Djawhari, alors que d'autres, venant essentiellement du sud du pays ne sont pas du tout enrichis en iode ». Les chiffres préliminaires de l'étude démontrent que 9% de la population sondée à Mila présente un goitre, taux légèrement en-deçà de la moyenne nationale, « ce qui représente une avancée par rapport aux années écoulées, et les efforts entamés dans les années 1990, auront comme finalité, pour le ministère de la santé, l'éradication totale de l'endémie de goitre », conclura notre interlocutrice. Ce qui est fort probable si la politique d'information et de prévention adoptée par les pouvoirs publics continue sur sa lancée.