La tromperie porte sur le poids et la composition du produit, à savoir l'utilisation d'un sel non iodé dans la préparation du pain, mettant ainsi la santé des consommateurs en danger. Sur les 1 480 boulangers exerçant dans la capitale, plus de 70% sont, selon les premiers résultats d'une enquête menée récemment par la Direction du commerce d'Alger (DCA), en infraction. Il s'agit d'une tromperie sur la composition et le poids du pain fabriqué. Les premières conclusions de l'enquête révèlent que les boulangers fraudeurs utilisent un sel non iodé pour la préparation du pain. Sur un échantillon de 40 boulangeries contrôlées dans la circonscription administrative d'El-Harrach, il y a plus d'une semaine, 30 proposent à la clientèle un pain non conforme. Après analyse des prélèvements dans les laboratoires relevant de la DCA, il s'est avéré que le sel utilisé ne répond pas aux normes requises car non iodé. Seuls trois de ces commerçants utilisent un sel iodé, alors que pour sept autres, la DCA attend les résultats des examens. Le recours à l'usage du sel non iodé a pour origine les prix pratiqués par les producteurs. En effet, le sel iodé coûte, selon notre source, deux fois plus cher que le sel non iodé. Ils sont ainsi une douzaine de fabricants qui produisent le sel non iodé dans les localités de Stil et Hamraya, dans la wilaya d'El-Oued. Sur l'emballage, il est clairement mentionné que le sel est iodé. Les agents de la DCA ont pu constater, à la suite des analyses, que le produit en question n'est pas conforme aux normes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), c'est-à-dire non iodé. Un tel condiment, s'il n'est pas iodé, provoquera systématiquement des maladies dont le goitre. Le danger est d'autant plus grave quand on sait que les Algériens sont de grands consommateurs de pain. La DCP d'El-Oued a été instruite pour contrôler les entreprises productrices. Pourtant, une convention signée entre l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) et l'Entreprise nationale du sel (Enasel) oblige les boulangers à utiliser le sel de l'Enasel qui est, estime notre source, non seulement iodé mais de bonne qualité aussi. Or, les prix appliqués par l'entreprise publique semblent ne plus intéresser les boulangers. Si l'Enasel vend le kilogramme de sel iodé à 6,40 DA, qui, conformément à la convention, est un prix préférentiel, le sel non iodé, en revanche, est cédé entre 3 et 4 DA le kg. La question qui se pose : est-ce que ce sont les boulangers qui s'adonnent à ce type de trafic d'une manière délibérée ou sont-ils, au contraire, dupés par les fabricants ? S'ils s'estiment trompés par les producteurs, ils devraient alors s'interroger sur les prix on ne peut plus bas pratiqués par ces derniers. Ils devraient procéder également à un autocontrôle de la marchandise avant son utilisation. Une chose est certaine, la DCA a établi des procès-verbaux (PV) dans lesquels elle accuse ces fabricants de sel de tromperie sur la marchandise et les boulangers de manque d'autocontrôle. Des pâtissiers épinglés pour commercialisation de gâteaux dangereux pour la santé des consommateurs Les PV seront transmis à la justice. Outre la mise en demeure, le sel sera saisi ou détruit ou orienté vers l'Enasel pour sa mise en conformité en lui ajoutant de l'iode. En cas de récidive, des mesures administratives qui peuvent aller jusqu'à la fermeture des locaux leur seront appliquées. La seconde infraction relevée par les contrôleurs concerne le poids du pain. Il a été remarqué lors des interventions effectuées par les éléments de la DCA qu'un nombre considérable de boulangers, souligne l'enquête, ne possède pas de balance pour peser la baguette de pain. Cependant, un décret exécutif fixe le poids de celle-ci à 250 grammes avec une tolérance de plus au moins 20 grammes. Si les boulangers ne pèsent pas leur pain, il y aura forcément tromperie sur le poids qui entraîne automatiquement une pratique de prix illicite. Le prix d'une baguette de 250 g est, pour rappel, fixé à 8,50 DA. L'autre activité des boulangers, à savoir la pâtisserie, n'échappe pas à ces pratiques illicites. Plus de 95 pâtisseries ont reçu de ce fait la “visite” des contrôleurs de la DCA qui ont effectué 57 prélèvements d'échantillons de gâteaux qu'ils ont envoyés aux laboratoires. Les résultats des analyses font ressortir, indique l'enquête, la présence de coliformes (germes aérobies, pathogènes) dans les produits de sept pâtisseries. Pour les 50 autres, la DCA attend encore les résultats des analyses. Le manque flagrant d'hygiène dans ces lieux et le défaut d'hygiène corporelle sont, selon les résultats de l'enquête, à l'origine de l'apparition de ces germes (microbes). Les agents de la DCA ont établi des PV qu'ils ont transmis à la justice et contraint les employés de ces pâtisseries à subir des examens médicaux et à porter des tenues réglementaires (blouse, calot et gants). Tous les intervenants dans la commercialisation de ces aliments, notamment les autorités, les fournisseurs, les boulangers et les commerçants d'une manière générale doivent impérativement doubler de vigilance. Car, ce phénomène est encore plus grave puisqu'il y a déjà eu mort d'homme auparavant en Algérie. Les exemples ne manquent pas : le cas de la pâtisserie infecte consommée dans la commune de Bordj El-Kiffan en 2000, le casher avarié de Constantine à l'est du pays… et la liste est longue. Badreddine K.