Soixante-dix-huit jeunes arrêtés suite aux émeutes qui ont ébranlé les communes de Chlef et de Chettia, la semaine dernière, ont été placés sous mandat de dépôt, mercredi dernier, par le magistrat près le tribunal de Chlef pour les chefs d'inculpation d'« attroupements, incendies volontaires, pillage, destruction de biens d'autrui et violences sur agents de l'ordre ». Vingt-cinq ont été placés sous contrôle judiciaire et un autre laissé en liberté provisoire. Les mis en cause ont été répartis sur les pénitenciers de Ténès et d'El Attaf situés, respectivement, à 50 et 30 km du chef-lieu de wilaya. Pendant l'audition qui a duré toute la nuit de mercredi, des familles de détenus ont passé la nuit devant le tribunal, à la recherche de la moindre information sur le sort de leurs enfants. Pendant la journée, elles ont organisé un sit-in devant le siège de la wilaya pour demander la libération de leurs proches. Des mères de famille, des frères et sœurs des jeunes incarcérés ont occupé la rue faisant face à la wilaya, entourés d'un important dispositif de sécurité. « Rendez-nous nos enfants », ne cessaient-ils de crier. « Où est mon fils ? Je ne l'ai pas vu depuis dimanche dernier. Dans quel état se trouve-t-il ? C'est le cadet de la famille et il est parti à l'APC pour retirer des documents officiels avant d'être arrêté, je ne sais où et comment », lance une vieille en pleurs, avant de perdre connaissance. Elle sera secourue par les citoyens présents. D'autres femmes abondent dans le même sens en demandant à voir leurs enfants dont elles disent ignorer les circonstances de leur arrestation et les faits qui leur sont reprochés. Toutes affirment que leurs garçons avaient quitté le domicile pour regagner leur point de vente habituel sur les marchés publics ou pour effectuer des démarches administratives. Toujours est-il qu'aucun responsable de la wilaya n'a daigné les rencontrer. Seuls des officiers de la police avaient engagé le dialogue avec les familles en question dans le but de les amener à libérer la voie publique et à exposer par écrit leurs doléances aux autorités concernées. Ce qui fut fait puisqu'elles ont fini par quitter les lieux vers midi, dans le calme.