Durant sa carrière de journaliste, Jean Kouchner travaille ou a travaillé pour RSF, Radio-France, France 3, RFO, Politis, L'Environnement Magazine et a dirigé les rédactions des magazines du groupe Glinat. Il a assuré des formations de journalisme et dans la communication, d'abord à Grenoble, puis dans diverses écoles de communication et de journalisme, dont le CFPJ, qu'il a dirigé à Montpellier de 1993 à 1999. M. Kouchner est spécialiste de la communication de crise. Il a initié de nombreuses sessions de formation à la médiation. Aujourd'hui, il est professeur associé à l'université de Montpellier I. Il est aussi directeur gérant de la société Thétus et poursuit ce travail de sensibilisation, d'entraînement et de formation à l'intention des journalistes et des cadres dirigeants. Il poursuit également son activité en outre-mer (RFO) et à l'étranger pour le compte du ministère français des Affaires étrangères. Que pensez-vous de la presse algérienne ? D'abord, c'est une presse diverse. Il y a à la fois une presse « officielle » et une presse privée, indépendante. C'est important. Il faut qu'elle se développe. Il faut qu'elle puisse avoir en tout lieu et en toute circonstance la possibilité de vivre. Aux journalistes également de pouvoir continuer à exercer leur métier dans les meilleures conditions. Il y a plusieurs conditions : les conditions de la loi, le droit d'expression démocratique et les conditions économiques. Cela dit, je pense que l'une des principales difficultés de la presse algérienne, au-delà des questions de droit, c'est aussi la fiabilité économique des journaux. Il y a de façon récurrente des difficultés économiques pour la presse écrite. Avoir une vraie indépendance, c'est avoir une indépendance économique. C'est sans doute sur ce plan-là que des progrès sont encore à faire. Mais cela ne se décrète pas par la loi, par la simple volonté des journalistes ou des propriétaires de journaux. Vous avez certainement remarqué dans cet atelier sur la gestion des conflits la présence de journalistes venus de différents horizons. Un commentaire... Beaucoup de journalistes en France même apprennent sur le tas. 15% seulement de journalistes en France sont passés par des écoles de journalisme. Bien sûr, il faut apprendre un minimum de techniques journalistiques. C'est bien aussi que les journalistes puissent venir de différents horizons et qu'ensuite puissent devenir d'excellents journalistes sans passer par une école de journalisme. Différents horizons, cela veut dire que dans la presse on trouve le reflet de la société, et donc des gens qui viennent des cités lointaines, qui viennent des régions où les revenus ne sont pas les mêmes, du monde agricole, du monde industriel, etc. Il ne faut pas que tous les journalistes passent par le même moule ! Ne serait-ce que le moule universitaire. Il y a nécessité de diversité d'origines, de sensibilités à tel ou tel aspect de la vie qu'on n'a pas forcément quand on est issu du même milieu universitaire. Nous retrouvons cette diversité dans ce stage. En comparaison avec d'autres ateliers du même type auxquels vous avez participé dans d'autres pays, que pensez-vous du niveau de participation des journalistes algériens ? Je trouve qu'il y a une participation assez active à la discussion et que les remarques, les opinions et les questions posées par les confrères algériens sont de très haut niveau. De vraies questions ont été posées sur la gestion des conflits, notamment en matière de l'environnement, pas seulement comment gérer un conflit, mais également sur le rôle d'une médiation de journaliste dans le cas de la résolution d'un conflit. Le journaliste doit dire les faits. Il ne doit pas prendre partie pour tel ou tel partenaire dans un conflit et en même temps il a sa propre personnalité. Faire la part des choses entre la personnalité du journaliste et le conflit lui-même, c'est parfois compliqué. Ce sont toutes ces questions qui étaient au centre des débats et sur lesquelles mon impression est une impression très favorable.