Louisette Ighil Ahriz a plaidé hier lors d'une rencontre commémorant les événements du 8 Mai 1945 pour la réécriture de l'histoire. « La responsabilité nous revient également à nous, nous avons trop dormi, nous continuons à tourner autour du pot », indique la moudjahida en mettant en doute l'objectivité des Français qui promettent de réécrire les événements du 8 Mai 45. « L'ambassadeur de France a fini par reconnaître la responsabilité de la France coloniale dans les événements du 8 Mai 45, car la France ne pouvait plus cacher le soleil avec le tamis, le drame était trop grossier pour ne pas être reconnu. Ils disent qu'ils vont revoir le nombre de victimes, la question que l'on doit se poser : est-ce à eux de le faire, seront-ils objectifs comme ils l'ont été avec le nombre de martyrs algériens lors de la guerre de libération, à ce jour ils continuent de réfuter le 1 million et demi de chouhada. La responsabilité nous incombe à nous d'écrire notre histoire et d'en finir avec les oui mais », souligne Mme Ighil Ahriz en s'interrogeant sur le refus de la France d'adopter la même reconnaissance allemande de l'holocauste qui, au-delà de la reconnaissance, a payé d'importantes indemnités. L'ancienne combattante lance un appel au ministre de l'Enseignement supérieur afin de donner les moyens nécessaires à la recherche sur l'histoire. « Nous sommes très en retard sur les événements de 1945 mais aussi sur tous les événements d'Algérie. » La moudjahida est intervenue lors d'une rencontre au cinéma Algeria d'Alger, organisée hier par le musée du Moudjahid de Réghaïa. Des acteurs des événements du 8 Mai 1945, des élèves et étudiants, des avocats ainsi que le P/APC d'Alger-Centre ont pris part à cette réunion commémorative qui se veut une halte sur l'histoire pour que nul n'oublie. Larbi Azouz, du haut de ses 89 ans, est venu témoigner au sujet de sa participation aux manifestations du 8 mai de cette année 1945. « C'est Châal Bouzid qui le premier a levé les couleurs de l'Algérie dans les manifestations, le commissaire de police de Sétif l'a tué devant tout le monde. Les habitants de Sétif ont réagi en s'en prenant aux Français. Les échauffourées ont alors éclaté, l'armée est intervenue pour bombarder et massacrer la population algérienne. J'ai été arrêté puis condamné à mort. Pendant 17 ans je suis passé d'une prison à une autre. Pour être enfin libéré en 1962 », nous confie le moudjahid, fier d'afficher ses médailles marquant l'honneur d'avoir défendu la libération du pays.