Il est impossible à l'heure actuelle d'aller vers une convertibilité totale de la monnaie algérienne, s'accordent à dire les experts et les spécialistes des questions financières. Cette importante métamorphose monétaire dépend essentiellement de l'évolution de l'économie nationale. « Ce n'est pas encore le moment pour convertir le dinar », dira Abdelhak Lamiri, sans détour, ni faux-fuyants. « Il est prématuré de parler de la convertibilité du dinar, car si l'on décide d'aller, à l'heure actuelle, vers cette option, cela entraînerait une fuite de capitaux importante et non désirée », ajoute encore Abdelali Derrar, spécialiste dans les assurances et les finances. A entendre Abdelhak Lamiri, la convertibilité de la monnaie algérienne pourrait, néanmoins, intervenir suivant des étapes bien précises, à commencer par la libéralisation des bureaux de change. Et ensuite aller, après une longue période, vers la convertibilité, mais qui doit reposer sur une économie diversifiée et hors hydrocarbures. Dans le fond et dans la forme, trois facteurs nécessaires doivent conduire à la possibilité de convertir la monnaie nationale. La création des richesses et une économie diversifiée constituent, a priori, une condition sine qua non pour toute convertibilité d'une monnaie. Cela, faut-il le reconnaître, relève présentement de l'impossible pour le cas de l'Algérie, dont l'économie demeure exclusivement tributaire des recettes pétrolières. Le second facteur étant une garantie d'une parfaite confiance en la monnaie nationale. « Cela suppose la levée de tous les garde-fous et assurer ainsi des mesures de contrôle, de surveillance et de suivi des plus draconiennes », apprend-on auprès du ministère des Finances. Notre source proche du cabinet de Karim Djoudi, premier argentier du pays, désirant garder l'anonymat, nous explique que la levée des garde-fous « s'avère être une véritable aventure » pour un système financier algérien soumis au processus des réformes et en cours de sa métamorphose. Quant à la troisième exigence, l'un des piliers essentiels de toute convertibilité d'une monnaie, elle est liée à l'ouverture du compte capital. Dans le cas de l'économie algérienne, procéder à l'ouverture du compte capital « relève de l'impossible, car cela doit être dicté par une économie diversifiée ». C'est la théorie que défendait à cor et à cri le ministère des Finances, par la voix de son premier responsable, Karim Djoudi. Selon le ministre, qui s'est exprimé à ce sujet à maintes reprises, l'Algérie demeure, incontestablement, dépendante des hydrocarbures, ce qui veut dire que la libération de son compte capital n'est pas d'actualité. Il y a déjà la convertibilité commerciale qui est assurée. Car, il est utile de le signaler, l'ouverture du compte capital n'est pas synonyme de la libération des transactions courantes. Cela dit, pour ce qui est de la convertibilité commerciale du dinar, l'Algérie s'est déjà conformée à l'article 8 de 1997 du Fonds monétaire international (FMI), selon lequel les pays signataires doivent libérer les transactions courantes, à savoir les services et le commerce. Mais l'équation portant sur la convertibilité totale du dinar ne semble pas être si aisée pour l'heure actuelle. C'est-à-dire que chaque donnée suppose une autre ; la convertibilité du dinar dépend de la libération du compte capital ainsi que d'une économie diversifiée proprement dite. Et en fin du calcul, il s'avère, à entendre nos interlocuteurs, que cette économie diversifiée constitue elle-même une condition pour la libération du compte capital de chaque pays.