Une stèle libyque a été découverte au village de Tagounits, dans la commune d'Aït Yahia par hasard, lorsqu'un agriculteur s'adonnait à une tâche quotidienne en 2001 dans sa propriété. Une autre stèle de même type qui se présentait en deux fragments a été trouvé accidentellement. Des morceaux de céramiques qui se rapporteraient à la même période ont été retrouvés sur les lieux. Cependant, trois ans après cette découverte fortuite, seul un journaliste lui aura réservé une brève dans la presse écrite, sans toutefois susciter une quelconque curiosité des chercheurs et des autorités. La stèle demeure encore in situ devant le domicile de l'agriculteur. Or, pour un profane en la matière, une stèle de type libyque (ou berbère) qui apparaît dans un endroit aussi rocailleux — zone de montagne — inspire plus d'une hypothèse quant à la datation, aux origines, aux influences et autres caractéristiques. Il est à rappeler que ce genre de découvertes (une dizaine de stèles) est lié au type dit « stèle d'Abizar », mais en analysant la spécificité des deux stèles d'Aït Yahia, on en déduit que les caractères iconiques et épigraphiques se démarquent nettement du style d'Abizar. Encore une variété typiquement berbère, dira un archéologue natif de la région. Cette stèle à caractère libyque comporte des gravures sur le relief aux traits visibles. Elle représente essentiellement un cavalier armé d'un bouclier circulaire avec deux javelots, tenant un objet rond dans sa main gauche. Le cheval est dessiné de profil regardant à droite. Le cavalier est de face et porte une barbe pointue, une des caractéristiques retrouvées sur la stèle de Bordj Menaïel restituée par J. P. Laporte, spécialiste des antiquités. Par ailleurs, une autre stèle du même type (Abizar) a été découverte fortuitement à Abi Youcef, 5 km de Aïn El Hammam, en 2003. Celle-ci a été déterrée lors du creusement d'une tombe dans le cimetière du village de Takhlidjt. « La stèle se trouve actuellement chez un enseignant, à l'école primaire du même village », nous apprend-on. Elle a, cependant, été répertoriée par un jeune archéologue, sortant de l'université d'Alger. La description nous donne un fragment de stèle libyque d'une forme irrégulière et comportant des caractères libyques dont deux en forme de dents de peigne à cinq éléments. Décidément, après des années de silence ou d'indifférence où les autorités scientifiques n'arrivent pas à venir récupérer les vestiges et lancer des travaux d'étude et de recherches, compte tenu de la dimension historique et archéologique de la haute kabylie. De l'avis du jeune archéologue, les stèles d'Abi Youcef et d'Aït Yahia pourraient apporter de nouvelles réflexions corrélativement aux découvertes antérieures. Elles révéleront des dates importantes qui arriveraient peut-être à remettre sur maille un chaînon manquant parmi tant d'autres. L'analyse et l'investigation pourront sans doute être porteuses de nouvelles données à mettre en valeur. L'épigraphie libyque serait de mise pour affirmer l'existence d'une civilisation dans cette région, dont on pense que l'origine n'est souvent pas aussi lointaine dans le temps. Ces stèles seraient mieux « protégées » étant sous terre. Depuis qu'elles ont vu le jour, les deux pans de l'histoire sont livrés à la dégradation. Pourtant, l'Algérie fête le mois du patrimoine…