Le président Abdelaziz Bouteflika a procédé hier à un léger mouvement dans le corps des walis et des walis délégués. Les changements ont touché 9 wilayas. Ce mouvement partiel intervient alors que certaines wilayas ont été secouées par de graves émeutes sociales avec leur lot de destructions et d'interpellations, instaurant un climat de défiance vis-à-vis des autorités locales. Le mouvement opéré hier par le président Bouteflika dans le corps des walis a-t-il un lien avec les tensions sociales qui caractérisent certaines wilayas qui ont basculé dans l'émeute pour protester contre des injustices qui n'ont pas trouvé de solutions alors qu'il s'agit parfois de dossiers vieux de plus de deux décennies, à l'image de la situation des sinistrés de Chlef ? Sans doute, quand on voit les changements intervenus à la tête de certaines wilayas -poudrières comme précisément Chlef, ou encore Tiaret qui a connu, il y a quelques jours, des journées noires d'émeutes à la suite du décès de jeunes harraga. En revanche, d'autres wilayas qui avaient connu elles aussi des mouvements de contestation de la même ampleur n'ont pas été touchées par ce mouvement. C'est le cas de Ghardaïa où des citoyens des deux communautés locales : les Mozabites et les Chaâmbas se sont affrontés pour une banale affaire de pétard qui n'a été que l'étincelle qui avait mis le feu aux poudres. C'est le cas aussi de Tizi Ouzou où les jeunes sont sortis dans la rue crier leur colère pour dénoncer le favoritisme dans la distribution des locaux commerciaux. Le président de la République et le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales ont-ils considéré que les chefs des exécutifs de ces deux wilayas, pour ne citer que ces deux cas, n'ont aucune responsabilité dans les troubles survenus dans ces régions particulièrement sensibles et que ce qui s'est passé n'est qu'un « chahut de gamins » ? Deux poids, deux mesures ? Il semble bien que cela soit le cas. Bien qu'à y regarder de près, on s'aperçoit que les walis de Chlef et de Tiaret ont été évincés de leur poste pour être nommés ailleurs, respectivement à Annaba et à Boumerdès, deux wilayas tout aussi difficiles. Une logique que les citoyens ont du mal à suivre. A retenir également dans le mouvement des walis la nomination – enfin – du nouveau wali d'El Tarf ; cette wilaya est restée sans chef de l'exécutif durant de longs mois en raison des démêlés judiciaires de l'ancien wali. A relever également que les grandes villes du pays telles que Alger, Constantine, Oran, ont été épargnées par le dernier mouvement des walis. Y a-t-il des super-walis ? Des intouchables cooptés par le système ? Les walis maintenus à leur poste sont-ils un exemple de bonne gouvernance dans la gestion des affaires de leurs collectivités ? C'est ce que suggère en tout cas le toilettage minutieux auquel vient de procéder le président de la République. Il est difficile de croire en tout état de cause que le mouvement partiel des walis opéré hier est dicté par des impératifs liés exclusivement à la gestion des collectivités locales. Il apparaît clairement que Abdelaziz Bouteflika a réagi par rapport à une situation d'urgence dans le souci de désamorcer les tensions sociales que vivent certaines wilayas en créant l'illusion du changement. On ne touche pas à une machine administrative ni à des hommes qui ont accompagné le processus électoral depuis l'arrivée de Bouteflika aux affaires à une année de l'échéance présidentielle.