Pour une fois, la commémoration s'est faite en présence des walis de Béjaïa et Bordj Bou Arreridj, accueillis à leur arrivée par les autorités locales, ainsi que des notabilités de la Qalâa, à l'image de MM. Ali Haroun et Hocine Benmaâlem. Après le dépôt de la traditionnelle gerbe de fleurs au carré des martyrs et sur la tombe d'El Mokrani, les délégations officielles ont visité les vestiges historiques de la Qalâa, tels que la mosquée Ousanoun dont la construction date de 1510. Deux conférences ont ensuite été données, respectivement par Seddik Djamel et le Pr Djamil Aïssani, sur le rôle politique et militaire de la Qalâa et sur le mouvement intellectuel dans la région des Biban durant la période médiévale. Pour rappel, la Qalâa Nath Abbès est un site historique et touristique de première importance. Elle a longtemps été le point de jonction entre les deux capitales hammadites, la Qalâa des Beni Hammad, dans le Hodna et Béjaïa sur la côte méditerranéenne. Après la prise de Béjaïa par les Espagnols en 1510, la Qalâa Nath Abbès deviendra la capitale d'un royaume autonome jusqu'en 1624. Assurant la survivance d'un Etat authentiquement algérien, la Qalâa s'opposera à l'hégémonie turque sur le pays, jusqu'à leur départ provoqué par l'arrivée des Français en 1830. La Qalâa reviendra au devant de la scène patriotique en 1871, lorsque l'un des descendants directs des Ath Meqrane, El Hadj Mohamed El Mokrani, en l'occurrence, mènera la résistance contre l'envahisseur français en compagnie de son frère Boumezrag et des deux fils de Cheikh Aheddad, Aziez et Mhand. Berceau de l'histoire et de la culture algérienne, la Qalâa Nath Abbès est aujourd'hui un village abandonné et quasiment désert. Le wali de Béjaïa, qui a reçu une liste de doléances des habitants, a promis de réparer la route et de construire un mausolée digne de la figure historique de Mokrani. C'est toujours ça de pris en attendant que Qalâa ait une école pour scolariser ses enfants et un dispensaire de santé pour soigner ses habitants. Toutefois, les habitants, que nous avons rencontrés après les cérémonies officielles, ne se faisaient pas trop d'illusions. Ils savent, pour l'avoir trop souvent vécu, que chaque 5 mai, les officiels viennent les bras chargés de promesses qui sont oubliées sitôt la dernière cuillerée de couscous avalée.