Au lancement du programme, il a été expliqué aux demandeurs qu'ils devaient construire leur logement sur un « terrain nu » pour pouvoir bénéficier de l'aide de l'Etat. L'extension et la surélévation d'une construction existante étaient refusées. Dans une région où la rareté du foncier est une donnée incontestable, une mesure aussi draconienne était faite pour faire échouer ou enliser un programme d'habitat qui se voulait ambitieux. Elle était conçue pour mettre le postulant dans une difficulté maximale. Il s'engage dans une longue procédure de reconnaissance de propriété puis de coûteux travaux de terrassement, de soutènement et de fondations. Tous les citoyens intéressés par la surélévation d'une maison familiale étaient exclus du programme. Cela aurait pourtant permis la réussite de ce dispositif et épargné aux postulants beaucoup de perte de temps et d'argent. Devant les retards enregistrés dans la mise en œuvre du programme et le retour d'écoute défavorable au niveau gouvernemental devant les chiffres excessivement bas enregistrés dans la région, les autorités locales ont fini par se pencher sur les raisons de l'enlisement. En mai 2006, soit un an et demi après le lancement de l'opération, une réunion s'est tenue au siège de la wilaya de Tizi Ouzou. Dans le PV de réunion, il est mentionné : « La décision prise en début de séance de lever les contraintes techniques (possibilité d'extension pour les bénéficiaires en vertical et autres cas similaires) est exécutoire avec effet immédiat. » Le courrier est transmis à tous les chefs de daïra, les P/APC, les services déconcentrés de l'Etat (Slep et Suc). La décision du wali restera sous le coude au niveau des daïras pendant plus d'un an. Les services techniques locaux rétorqueront inlassablement qu'ils n'ont pas reçu d'instruction écrite. L'on enregistre sa mise en application depuis deux ou trois mois à travers les communes, soit un an et demi après la réunion du conseil de wilaya. Dans certaines localités, la contrainte n'a toujours pas été levée au niveau des services déconcentrés du logement et de l'urbanisme. Les P/APC n'étant pas associés aux conseils de wilaya consacrés à ce dossier, les blocages constatés dans certaines daïras ne sont pas portés à la connaissance du chef de l'exécutif. De nombreuses autres recommandations émises par la wilaya n'ont pas été suivies d'effet sur le terrain, comme « la possibilité de lancer des opérations groupées au profit des citoyens qui ne disposent pas de terrain individuel, en prenant en charge notamment les terrassements et la viabilisation ». De bonnes intentions qui n'ont même pas pavé les chemins de haute montagne.