L'annulation par le wali de l'autorisation de construire en surélévation dans le cadre de l'aide à l'habitat rural met les citoyens et les élus locaux dans l'embarras. Le programme d'aide à l'habitat rural (AHR), a été mis en place par les pouvoirs publics pour répondre à une demande croissante en logements dans le milieu rural. Un effort a été consenti dans la wilaya de Tizi Ouzou pour résorber la crise du logement dans une région où prévaut le manque d'assiettes foncières étatiques et un relief abrupt des terrains. La décision du wali à autoriser, depuis 2008, les demandeurs de l'AHR de construire leurs maisons en surélévation, une option inexistante lors du lancement dudit programme en 2004, a enthousiasmé plus d'un. Un geste bien accueilli pour les milliers de citoyens encouragés également par la revue à la hausse du crédit d'aide de 50 millions de centimes, accordé par la Caisse nationale de logement (CNL), augmentée à 70 millions de centimes. Toutefois, un arrêté du wali, datant de septembre 2009 annule la décision. Un arrêté qui a remis en cause les projets des jeunes et mis les élus locaux dans l'embarras. D'après des chiffres officiels récents, l'intérêt des citoyens pour cette formule dépasse de loin leur engouement aux autres programmes. L'on a enregistré un taux d'intéressement avoisinant les 60%. Aussi, à la direction du logement et de l'équipement public (DLEP), l'on indique que 50 000 demandes d'aides pour l'habitat rural recensées à travers les 67 communes sont en attente d'étude d'éligibilité. Mais, selon un récent décompte du même service, 8883 logements ruraux seulement sont livrables cette année, sur les 48 472 logements alloués à la wilaya au titre du quinquennat (2004-2009) et du programme complémentaire. De l'avis des présidents d'APC que nous avons contactés, « les demandes ont été doublées depuis l'autorisation des citoyens à la construction en surélévation. Ce qui a fait, que le programme a connu une avancée appréciable par rapport aux années précédentes ». En effet, le programme d'aide à l'habitat rural avait enregistré un faible taux de réalisation (15,42%) trois ans après son lancement, soit à la fin 2007. Il n'est passé qu'à 22% dans l'exercice de 2008 pour le premier quota des 20 050 logements alloués à la wilaya. Les raisons avancées : lenteur des procédures administratives. Ainsi, pour le maire de Mizrana, M. Hachemani, « tout allait bien avant l'annulation de la décision. Aujourd'hui, on ne sait plus quoi répondre à nos concitoyens qui continuent d'affluer au siège de l'APC pour s'enquérir de la suite que l'administration devrait donner à leurs doléances », et d'ajouter, « on nous dit aussi que le programme tire à sa fin, alors qu'on nous a expliqué avant qu'il n'y a pas de plafond pour ce programme, il suffit de consommer le premier quota pour qu'on vous accorde d'autres ». Par ailleurs, les citoyens interrogés sont dans l'expectative, alors que le DLEP était injoignable pour fournir plus de précisions quant au sort des prétendants. « J'ai obtenu la décision juste avant qu'on annule la construction en surélévation. Mon dossier est maintenant bloqué. L'APC s'emble dépassée par ce problème. Personnellement, je ne compte pas sur la décision du chef de daïra, je pense plutôt à une action en justice… », dit, désemparé, un citoyen de Larbâa Nath Irathen. Quant au P/APC de Ouacifs, M. Ben Medjber, l'annulation de l'arrêté de septembre 2009 « n'est pas justifié ». « Nous sommes la première institution vers laquelle se dirige le citoyen et c'est notre crédibilité qui en prend un coup. Il y a environ 6 intervenants dans ce dossier et la mairie ne fait que ramasser les dossiers. L'APC n'a aucune prérogative de contrôle, ni d'étude. Plus de 50% des postulants dans ma commune demandent une aide pour construire en surélévation », conclut le maire des Ouacifs.