La colère des citoyens dans différentes communes de la wilaya est gérée à partir des bureaux implantés loin des troubles. Depuis le 8 mars, la daïra de Bechloul est gérée à distance à partir d'un bureau implanté au siège de la wilaya. Ce jour-là, une partie de la population, appuyée par des fonctionnaires de la daïra, a donné libre cours à sa colère en prenant d'assaut le siège de cette institution. Les forces de l'ordre sont intervenues pour empêcher les dégâts et assurer la sécurité du responsable de la daïra, objet de l'ire populaire. Entre 2001 et 2002, la même daïra connaissait des troubles à un point tel que son responsable a dû s'installer au siège de la wilaya d'où il a contribué à exercer sa fonction jusqu'à l'arrivée, en août 2002, du nouveau chef de daïra. Mais alors que dans le cas de l'ancien responsable, la population berbérophone était hostile à toute incarnation du pouvoir sous quelle forme que ce soit ; dans le second, le motif de la révolte contre l'autorité incarnée par l'actuel chef de daïra semble s'appuyer, selon nos sources, sur d'autres considérations. Entre 2002 et 2003, une situation analogue, sauf que cette fois elle a pris des formes dramatiques, est vécue à la daïra de Souk El Khemis. Le chef de daïra a dû être évacué par la gendarmerie pour le soustraire à la colère citoyenne ayant investi les rues de ce chef-lieu à 45 km de Bouira. Plusieurs mois se sont écoulés avant que le calme ne revienne sur les lieux et que le chef de daïra à l'autorité contestée, qui continuait à s'exercer à partir de là aussi depuis un bureau au siège de la wilaya, ne retrouve le sien à la daïra. Que faut-il incriminer en l'occurrence ? La conduite de ces chefs de daïra que les populations jugent insupportable pour une raison ou une autre ? N'est-ce pas plutôt la faute aux décideurs qui, à l'égard de la wilaya de Bouira, jouent la carte du maintien à leur poste de ces responsables pour ramener la paix dans ces lieux troublés ? Seulement voilà, en fait de paix, ce sont les émeutes qui éclatent. Vivement donc le mouvement dans les corps des walis et les chefs de daïra dans les wilayas où ces derniers n'ont pas connu de mutation depuis 7 ans. La longévité en matière de maintien est détenue par le chef de daïra de Souk El Khemis, installé à ce poste en... 1997 ! A moins que ces mêmes décideurs ne soient en train d'expérimenter ce mode de gestion à distance ?