Le Pr Djedjeli, président de la Société algérienne de chirurgie pédiatrique, nous livre dans cet entretien les premières préoccupations du chirurgien pédiatre et les nouvelles techniques de prise en charge de certaines pathologies lourdes. La Société algérienne de chirurgie pédiatrique a un peu plus de trente ans. Quelle est sa préoccupation majeure ? Pour être plus précis, la Société algérienne de chirurgie pédiatrique existe depuis 28 ans. C'est l'une des premières sociétés savantes à se constituer en Algérie sous la houlette de notre maître, le Pr Mohamed Aboulola, que je salue au passage. Notre spécialité est un peu particulière, car elle s'adresse à un petit être en pleine croissance avec toute sa complexité et sa fragilité. Au nombre de 5 ou 6 chirurgiens dans les années 80, nous sommes actuellement près de 300. La vitesse à laquelle les connaissances et les techniques chirurgicales évoluent et changent tous les jours, fait que la formation médicale continue devient vitale pour tout un chacun. D'ailleurs, dans beaucoup de pays actuellement, le droit d'exercice de la médecine est soumis a l'obligation de se recycler régulièrement.Une de nos premières missions est donc d'essayer de participer activement à cette formation médicale continue. Nous voulons aussi, en organisant régulièrement des work shops. Evidemment, il est plus simple et moins coûteux de ramener des opérateurs sur place que d'envoyer des collègues voir la même technique à l'étranger. Un certain nombre de pathologies restent peu ou mal prises en charge chez nous. En multipliant ces séminaires et congrès, nous voulons changer cet état de fait, et en même temps participer à l'effort très louable que fait notre pays pour diminuer le nombre de transferts à l'étranger . Vous organisez votre 28e congrès. Quelle est la nouveauté pour cette année ? La nouveauté, cette année, est double. Sur le plan organisationnel d'abord, en organisant pour la première fois un work-shop dans un service de chirurgie pédiatrique d'un secteur sanitaire. Sur le plan de la formation ensuite, car, pour la première fois chez nous, des enfants victimes de reflux vésico-urétéral vont être traités par injection endoscopique. Il faut souligner que cette pathologie, grande pourvoyeuse d'insuffisance rénale, était, jusqu'à maintenant, confiée au chirurgien pédiatre pour des interventions lourdes, difficiles et coûteuses . Avec cette nouvelle technique, le chirurgien interviendra sans ouverture, par voie endoscopique uniquement, et l'intervention ne dure qu'une demi-heure . Nous voulons lancer cette technique chez nous. Je voudrai aussi, au passage, souligner que ce work shop, organisé au niveau du service de chirurgie pédiatrique d'El Harrach, n'a été possible que grâce à l'aide et à l'adhésion sans faille de l'administration et du Conseil médical de notre secteur, et je les en remercie. Lors de ce congrès nous traitons aussi de l'arthrogrypose qui est une affection des articulations invalidante et handicapante avec un coût très élevé pour la société. Quelles sont les principales pathologies prises en charge par le chirurgien pédiatre ? La chirurgie pédiatrique prend en charge les affections chirurgicales de l'enfant, de la naissance à l'âge de quinze ans. Le chirurgien pédiatre a une formation de généraliste ; mais avec le développement des techniques et des explorations, notre spécialité, comme partout dans le monde d'ailleurs, a tendance à la création de « sur- spécialités », comme l'urologie pédiatrique, l'oncologie pédiatrique, la chirurgie viscérale pédiatrique, l'orthopédie pédiatrique, etc. Mais permettez-moi d'insister sur une chose : l'enfant n'est pas un petit adulte et, par conséquent, il doit être impérativement pris en charge dans un milieu qui lui est adapté, c'est-à-dire un environnement pédiatrique. Les services de chirurgie pédiatrique semblent insuffisants au niveau national pour répondre aux besoins. Quelles en sont les raisons ? C'est une de nos grandes préoccupations. Pour ne parler que du service où j'exerce, les rendez-vous d'hospitalisation pour la chirurgie à froid dépassent le délai d'une année !... Nous n'arrivons plus à programmer des hospitalisations à froid, car le service est submergé par les urgences et plein tout le temps. Pour ne parler que de ce côté-est de la capitale, de véritables villes champignons ont vu le jour ; la population a quintuplé, alors que les structures hospitalières et le nombre de lits sont restés les mêmes depuis des décennies !... Le constat est simple, nous n'arrivons plus à faire face au flux de malades et nous lançons un appel urgent aux autorités de tutelle pour planifier l'ouverture d'autres services de chirurgie pédiatrique ou mieux, des structures mères-enfants .