Trois enfants irakiens, souffrant de malformations cardiaques, seront soignés en Algérie. Accueillies hier à l'aéroport Houari Boumediène par l'Ordre des médecins et l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), les mères des trois enfants ont exprimé leur reconnaissance à l'Algérie, seul pays arabe qui a répondu favorablement à leur cri de détresse. Venus de Baghdad, de Kirkouk ainsi que du territoire kurde, les petits Mohamed, Sarah et Diar devront subir des interventions chirurgicales dans une clinique privée près de Aïn Taya. Les frais de transport, de séjour et d'hospitalisation seront entièrement pris en charge par la centrale syndicale. La procédure de transfert des enfants irakiens en Algérie a été une opération délicate. L'Etat hébreu, qui cherche à redorer son blason, utilise tous les moyens possibles pour récupérer les enfants malades irakiens et les soigner. Au départ, 14 enfants avaient besoin d'une aide humanitaire urgente. Alors que cinq familles ont accepté l'aide d'Israël, les autres parents ont rejeté en bloc cette offre. Transférés à Amman, les familles ont essayé d'ébruiter l'affaire avec l'aide d'un médecin jordanien, Omar El Kobaici. Le Conseil algérien de l'ordre des médecins a été le premier à répondre à leur appel. « Il n'y a plus de médecins irakiens. Ceux qui n'ont pas été tués ont choisi de prendre le chemin de l'exil. Le père de Mohamed est un simple fonctionnaire, nous n'avons pas les moyens d'offrir à notre enfant une intervention à l'étranger. On nous a dit que notre enfant devait être soigné en Hollande ou en Israël. Puis son état de santé s'est détérioré. Là, on nous a pas laissé le choix, l'enfant devait être transféré en urgence en Israël. Je ne pouvais me faire à cette idée. Lorsque le docteur Kobaici nous a dit que l'Algérie nous offrait son aide, il m'a fallu moins d'une seconde pour accepter l'offre. J'ai même changé la carte SIM de mon portable pour ne pas être contactée par les Israéliens », raconte Mme Diar Raouf, originaire de Kirkouk, mère de Mohamed, 6 ans et demi. Son fils, nous dit-elle, souhaite que l'opération se déroule très vite afin de retrouver son père en Irak. Le président de l'Ordre des médecins, Dr Bekkat Berkani Mohamed, se dit prêt à accueillir d'autres enfants malades. « Pour l'heure, il est difficile d'accueillir d'autres enfants, car nous avons un concurrent de taille qu'est Israël. C'est une réelle gymnastique qu'il faut entreprendre. Mais il ne faut pas oublier qu'il y a des compétences en Algérie prêtes à relever ce défi », estime Dr Ayadi Abderrahmane, membre de l'Ordre des médecins. Le représentant de l'Ugta, Rachid Aït Ali, présent hier à l'aéroport d'Alger, a estimé que cette initiative démontre l'intérêt de l'Algérie pour la question irakienne. « Ce n'est pas avec les discours et les meetings qu'il faut soutenir l'Irak, c'est avec des actes », assène-t-il. Selon un rapport publié par Oxfam et le Comité de coordination des ONG en Irak, huit millions d'Irakiens — soit près d'un tiers de la population — nécessitent une aide humanitaire d'urgence.