Dans une allocution prononcée le jeudi 22 mai 2008, à l'occasion du lancement de la « Caravane des chevaliers du Saint Coran », le chef du gouvernement a déclaré : « La société algérienne s'est attachée au Saint Coran depuis qu'elle a embrassé l'Islam (...) Le Coran représente sa Constitution qu'elle n'acceptera point de changer. » Faut-il comprendre par cette déclaration péremptoire que l'actuelle Constitution est à considérer comme nulle et non avenue ? Faut-il comprendre que le Premier ministre, qui n'a d'autre légitimité que celle conférée par sa nomination, se substitue, de fait, au peuple souverain qui a approuvé par voie référendaire l'actuelle Constitution, et à toutes les institutions nées de sa mise en œuvre, quelles qu'en soient la nature et la situation hiérarchique ? Ou bien, s'agit-il d'un plan sciemment ourdi contre la République dans un climat d'intolérance et d'inquisition, marqué par les manœuvres insidieuses du pouvoir et le regain de velléités politiques islamistes encouragées. Dans tous les cas, il s'agit là d'une dérive dangereuse et d'un glissement déclaré vers un projet théocratique, archaïque et intégriste, projet qui fut la source d'inspiration de ceux qui ont ensanglanté et détruit le pays et continuent à le faire, et contre lesquels le peuple algérien s'est mobilisé pour s'opposer aux voies et déchirements de la discorde sociale et de la fitna. Il convient de rappeler avec force que ce projet est en totale contradiction avec les principes et valeurs de l'appel de Novembre 1954 et de la plateforme de la Soummam, grâce auxquels nous réaffirmons aujourd'hui notre attachement à la construction d'un République algérienne démocratique et populaire, ouverte sur l'universalité, la justice sociale et le progrès. C'est sur cette base, partagée par la majorité du peuple algérien souverain, que nous dénonçons ce discours d'un autre âge et que nous interpellons toutes les institutions, sans exception, garantes du respect de la Constitution, pour prendre les mesures qu'exige cette situation. Nous appelons toutes les citoyennes et tous les citoyens désireux de vivre en paix, dans la légalité, le respect de la Constitution et des lois qui en découlent, à élever les légitimes protestations qui s'imposent à tous les niveaux. Alger le 26 mai 2008 Le bureau national du CCDR