Cette histoire, celle d'une artiste peintre, Rahida Adjal, qui a sollicité la direction de l'hôtel Phénix (près de l'aéroport d'Oran) pour lui organiser une exposition et qui a eu un écho tel que plusieurs autres sont venus « démarcher » (pour reprendre le jargon commercial), la même structure hôtelière, M. Delfini, directeur, la raconte à plusieurs occasions. Une fois par mois en moyenne, un espace est cédé gracieusement pour des expositions individuelles au profit d'artistes qui ont également la possibilité de vendre leurs œuvres. « C'est sur la base de cette première initiative que l'idée d'organiser un salon de la peinture d'envergure régionale a germé, l'espace de la khaima (la grande tente installée à proximité de l'hôtel) s'y prêtant à merveille », devait-il déclarer jeudi lors d'une conférence de presse organisée spécialement pour développer le contenu de ce salon des artistes peintres de l'Ouest mais aussi pour annoncer le vernissage, le même jour, d'une autre exposition individuelle de l'artiste Abdelouahab Selka, un autodidacte de la vieille école qui a fait sienne la tradition africaine de la sculpture sur bois. Première initiative du genre pour un privé, même si les retombées commerciales en terme de publicité ne sont pas à écarter comme le sont les retombées politiques pour le mouvement associatif qui a l'habitude d'organiser régulièrement des salon de ce genre à Oran, les préparatifs de cet évènement prévu entre le 12 et 17 juin ont dépassé toutes les espérances. « Nous nous attendions à un maximum de 15 artistes mais voilà que 45 peintres venus d'horizons divers et de différentes régions ont répondu à l'invitation, ce qui est énorme pour un premier coup d'essai », explique l'initiateur qui dit parler au nom du 1er responsable de la chaîne Eden, Cherif Othmane, représenté à l'occasion par sa fille, Amina, qui a joint sa parole à celle des nombreux sponsors de l'événement, représentant des sociétés privées locales ou internationales, pour « penser déjà à l'organisation du prochain salon en 2009. » Le père passe effectivement pour être un amateur d'art et pour preuve, ses acquisitions qui ornent les murs des structures formant le groupe hôtelier qu'il dirige et qui vont de Zouheir Boukerche, révélé au début des années 90 à Baya, la doyenne qui a à ses heures de gloire impressionné le surréaliste André Breton. Le tourisme culturel, une des directives prônées par le gouvernement, est la notion sur laquelle s'appuie le responsable de la communication de la Chaîne hôtelière pour justifier l'organisation d'un tel événement. En effet, dans la liste des participants, on trouve, à côté d'artistes qui peinent à se frayer une place dans un environnement qui manque de lieux d'expression, de véritables chefs de file de la peinture algérienne installés à l'Ouest, de la trempe de Oulhaci (Stidia, Mostaganem) qui devra présenter une de ses dernières gammes d'œuvres inspirées du grand Sud et ses paysages métalliques, comme il aime à les décrire. La liste comprend également Leila Ferhat, Saad Houari, Affif Cherfaoui, Belmekki, Zodmi, Talbi, Taleb, Sebbane Kada et tant d'autres à découvrir ou à redécouvrir. Les organisateurs n'ont pas voulu justement donner un cachet élitiste à cette exposition collective en évitant d'instaurer des critères de sélection qui auraient eu pour effet d'écarter des potentialités naissantes ou même renaissantes car beaucoup d'anciens artistes se sont remis à peindre quand ils n'ont pas tout simplement repris le contact avec le public. A saluer, à propos de public, l'exposition qui se tient en ce moment au musée Zabana d'Oran et consacrée au grand peintre Mohamed Khedda, l'une des plus grandes figures de la peinture algérienne et dont l'œuvre est désormais classée patrimoine national.