Dans la wilaya de Bouira, comme dans beaucoup d'autres régions du pays, rares sont, de nos jours, les éleveurs qui ont monté avec succès un élevage bovin laitier. Nombre de fellahs, en effet, ont vérifié à leurs dépens qu'il ne suffit pas de construire une étable et acquérir de belles vaches, généralement importées, pour devenir un producteur de lait. Non, estiment les spécialistes en la matière, il faut beaucoup d'autres choses, notamment une bonne formation dans le domaine, pour espérer pouvoir conduire un troupeau de vaches laitières. Tout le monde le sait maintenant : en aval, l'Etat a formé des vétérinaires, des ingénieurs et des techniciens agronomes, mais en amont, plus précisément au niveau de l'étable, rien ou presque n'a été fait. Tous les vétérinaires et les techniciens en santé animale qui interviennent régulièrement sur le terrain vous le diront : des éleveurs de bovins ignorent jusqu'à l'existence des chaleurs chez une vache. D'autres encore, ne sachant pas ce qui est un plan de prophylaxie, ne font appel au vétérinaire que quand cela ne va plus, quand il est déjà trop tard, pour se voir délivrer généralement un certificat d'abattage d'urgence. Pour l'anecdote, il y a même des éleveurs de bovins qui continuent à refuser catégoriquement l'insémination artificielle, dont les frais sont pourtant remboursés. Résultats des courses : l'Algérie importe massivement du lait en poudre et continuera certainement à le faire durant les prochaines années. Que dire encore de l'élevage bovin laitier, sinon qu'il est vraiment temps que le ministère de l'Agriculture se penche sérieusement sur cette filière stratégique. C'est bien beau d'initier des programmes d'aide aux éleveurs de bovins, mais encore faut-il que ces éleveurs soient dignes de ce nom, c'est-à-dire formés.