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L'importation massive de génisses doit être soutenue par une meilleure maîtrise de l'élevage
Pour augmenter la production nationale de lait
Publié dans La Tribune le 09 - 02 - 2009


Photo : Zoheir
Par Ziad Abdelhadi
On peut rappeler, de prime abord, que depuis une décennie, sinon plus, une politique d'importation de génisses pleines a été menée sans pour autant changer la donne sur le terrain : les achats extérieurs de poudre de lait ont continué de grimper en volume.
«Malgré le constat d'échec de cette stratégie, on entend encore parler du côté de la tutelle qu'un nouveau programme de
peuplement du cheptel bovin a été décidé avec pour objectif final l'importation de près de 300 000 génisses, par étapes, et dont chacune [étape] sera composée de 50 000 jeunes vaches», ont affirmé des professionnels de l'industrie laitière en Algérie, rencontrés lors de nos différentes visites sur le terrain et dans les salons agricoles organisés annuellement. Nos interlocuteurs, qui sont pour la plupart des acteurs de la filière lait, déplorent aussi le fait que la tutelle continue de penser que l'autosuffisance en lait reste tributaire en grande partie de l'effectif des vaches. Et de préciser : «La progression des effectifs opérée notamment depuis 1980 est surtout due à l'importation par l'Etat de vaches laitières à hauts rendements mais sans pour autant faire changer le volume des importations en poudre de lait car le croît interne du cheptel bovin n'ayant que très faiblement contribué à la croissance de la production de lait crue». Il faut croire aussi dans la foulée que le soutien de l'Etat de toutes les activités de la filière lait, à savoir la production, la collecte, le fourrage, l'investissement, la couverture sanitaire et l'importation, n'ont en fait donné que de piètres résultats : les volumes des importations de poudre de lait de ces dernières années en est la preuve évidente. En clair, les quelques mesures incitatives mises en oeuvre par les pouvoirs publics pour encourager la production de lait dans les exploitations n'ont pas eu d'impact significatif. «L'élevage est demeuré fortement extensif et peu productif», soutiennent des agronomes spécialisés dans la production animale. Pourquoi donc un tel paradoxe ?
Le rendement des vaches laitières importées en deçà de leurs capacités réelles
A en croire des éleveurs professionnels, les vaches laitières importées, pour la plupart de race pie noire (lire encadré), dont on dit qu'elle est la mieux adaptée à nos conditions climatiques et pastorales, se retrouvent à produire tout au plus le tiers de leurs capacités réelles de traite. C'est là une réalité de terrain que confirment professionnels et vétérinaires. Lesquels rappellent : «Les génisses importées peuvent produire en moyenne 26 litres par jour alors qu'elles ne produisent en Algérie que 5 à 6 litres, sauf dans de rares étables où la traite double la moyenne nationale». A quoi est due cette carence en rendement ? Selon nos interlocuteurs, la raison
s'explique par la réduction des espaces fourragers. Les vaches ont besoin de leur ratio quotidien en herbe verte et aliments d'accompagnement si l'on veut qu'elles produisent du lait en quantité, du moins près de ces potentialités de production. On apprendra que les insuffisances de production constatées en diverses étables du pays sont dues essentiellement à un mauvais respect des ratios
alimentaires quotidiens : ils sont soit revus à la baisse (stock insuffisant, manque de financement etc.) où en déséquilibre volontaire ou pas (plus de chaume que de luzerne). Autant de défaillances qui conduisent forcément à une baisse sensible de la production de lait par vache et qui affectent l'animal. D'autres facteurs sont en cause mais sont de second ordre. «Les faibles rendements sont les conséquences directes d'une mauvaise conduite d'élevage». En d'autres termes, «quand les conditions d'élevage nécessaires et indispensables aux races de vaches importées ne sont pas réunies, on ne peut espérer qu'elles puissent donner des résultats à la hauteur de leurs capacités de production», témoignent les professionnels. Par ailleurs, des éléments de constat qui apportent des
explications sur les raisons du faible rendement de production de lait enregistré dans les étables sont détaillés dans une récente expertise réalisée il y a de cela deux ans par M. Fokko Tolsma, consultant hollandais dans le domaine de l'élevage bovin. Un travail effectué après la visite de plusieurs fermes de production de lait cru, aux quatre coins du pays. Cette étude, rendue publique par ce consultant,
résume un état des lieux et met en évidence la faible professionnalisation d'un grand nombre de nos éleveurs bovins. Pour cet
expert, l'environnement dans lequel évolue notre cheptel bovin est non conforme pour une bonne production de lait. Toujours selon cette même source, les vaches sont astreintes à des rations alimentaires déficientes, car constituées essentiellement de fourrage grossier, le plus souvent de paille, auquel le son et le pain de farine servent de complément. La situation est aggravée par la faible pluviométrie dans certaines régions du pays où l'élevage bovin est de tradition. Aussi, les espèces de fourrage cultivées, dont les rendements ne dépassent pas 15 quintaux à l'hectare, sont généralement de faible valeur nutritive et ne permettent pas d'obtenir des rendements satisfaisants. Une telle situation constitue forcément une contrainte à la mise en place d'un système de production laitière
intensif. Dans cette expertise, il est révélé d'autres déficiences. Par exemple, les élevages sont souvent confiés à des personnes non qualifiées. Un autre du même expert relève un taux de mortalité élevé du fait de négligences sanitaires et de la non-maîtrise de la reproduction. En conclusion de ce rapport, le consultant soulignera : «Toutes ces carences traduisent le caractère peu productif du cheptel laitier mené essentiellement en extensif au niveau des exploitations. Et par le même bilan, on ne peut parler de rendements dans les exploitations laitières à partir du moment où l'accroissement enregistré est surtout le fait d'une augmentation des effectifs.» Cependant, cet expert a mentionné dans son rapport l'existence d'exploitations où les rendements sont appréciables, même si l'environnement s'y prête le moins. Allusion faite au bassin laitier de la vallée du M'zab, contrairement aux exploitations du Nord, mieux favorisées par les conditions climatiques et doublement avantagées par la pluviométrie, qui permet de faire paître les vaches laitières.
Au tableau de la mauvaise conduite d'élevage où des carences dans la filière lait viennent en premier, les ratios indispensables ne sont pas respectés par nombre d'éleveurs.
Suit la mauvaise utilisation des machines à traire. «Tout le monde veut utiliser cet outil sans pour autant en maîtriser la technique d'emploi ou comment s'en servir», indique Tolsma. En effet, il a été souvent constaté que les réglages des pulsions ne sont pratiquement jamais respectés et du coup ce sont les pis de la vache qui prennent un sérieux coup. Troisième constat négatif : les étables sont souvent mal aérées. Dans les fermes, on a cette fâcheuse habitude de fermer les étables avec à l'intérieur les vaches. Cette façon de faire s'explique, selon les éleveurs, que les bêtes sont sensibles au courant d'air et au froid. «Ce qui est tout à fait faux», avancent les professionnels. Ces derniers arguent qu'«une vache qui produit jusqu'à 25 à 30 litres de lait par jour dégage beaucoup de chaleur qu'il faudra vite évacuer en assurant une bonne aération». Pis encore, un niveau élevé de la température dans l'étable devient fatal à la santé des vaches.
Les techniques d'élevage diffèrent d'une région à une autre
Si dans certaines étables ont essaye d'introduire des techniques nouvelles d'élevage, dans d'autres, les négligences persistent. Ce qui donne à ces lieux lune image d'abandon où les bêtes sont mises à rude épreuve. Dans une grande proportion d'exploitations on est encore à travailler de façon très archaïque et sans la recherche de la moindre amélioration des rendements. Mais en matière d'évolution enregistrée dans la filière lait, l'exemple nous vient de la contrée de Guerrara (M'zab), car c'est là où l'on rencontre les véritables éleveurs. Pour preuve, dans cette contrée, on est arrivé à des rendements tout à fait éloquents malgré la rudesse de l'environnement. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres régions, malgré que les conditions environnementales soient favorables à l'élevage. A travers ce constat, on peut déduire que les éleveurs de la vallée du M'zab ont compris que les conditions de réussite passent inéluctablement par une bonne et rationnelle alimentation des vaches laitières, à savoir leur donner en permanence le ratio alimentaire indispensable : beaucoup de luzerne, des aliments gras, un peu de paille et du concentré d'aliments de bétail. Ce à quoi s'appliquent les éleveurs producteurs de lait cru de cette région du Sud du pays. Sachant pertinemment qu'une bonne conduite d'élevage passe avant tout par un approvisionnement régulier et en volume de luzerne pour les étables. Pour répondre à cette condition, bon nombre d'éleveurs de cette région ont beaucoup investi pour arriver à disposer de luzerne en quantité et à longueur d'année. Ils ont, de la sorte, irrigué des centaines d'hectares de cette plante fourragère, grandement indispensable à une bonne conduite d'élevage et par voie de conséquence rentabiliser les étables. L'un de ces producteurs, rencontré à l'occasion d'une manifestation professionnelle nous dira : «On peut être suffisant en production laitière si on améliore les conditions d'élevage et de race.» (lire encadré).
Des mesures d'appui en amont
«Si jusqu'à présent l'intervention de l'Etat, au niveau de la filière lait, a porté essentiellement sur un élargissement du marché par des mesures de soutien des prix à la consommation il n'en a pas moins négligé l'intensification de la production en amont», soutiennent des producteurs de lait cru. Selon ces derniers, pour échapper aux fluctuations des cours mondiaux de la poudre, qui pèsent lourdement sur la facture d'importation alimentaire «il faut aller au plus vite vers la mise en place d'un système de production intensif et engager une dynamique d'intégration au sein de la filière, entre les industries laitières et les bassins laitiers». Une perspective à exploiter quand on sait que notre industrie laitière est complètement, sinon en partie déconnectée des périmètres laitiers. En effet, une très faible part de ses besoins est couverte par la production des exploitations laitières. Alors que ces dernières (industrie laitière, ndlr) ont été conçues initialement pour être le débouché d'un système de production laitière intensif. Qu'en est-il aujourd'hui : elle se limite au rôle d'une industrie substitutive d'importation totalement intégrée au marché mondial pour ce qui est de ses approvisionnements en poudre de lait et en matière grasse de lait anhydre.
A la lumière de la dernière initiative prise par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, qui a consisté en la création d'un comité interprofessionnel du lait, dans le but d'impulser une dynamique nouvelle dans la filière, faut-il espérer que nous allons, à moyen terme, sortir de notre grande dépendance extérieure en poudre lait. Un objectif qui selon beaucoup de professionnels ne peut se réaliser qu'en donnant plus de soutien à l'amont, c'est-à-dire à la production de lait cru Et si pour certains la réduction de la facture d'importation de lait passe par une repopulation du cheptel bovin laitier, pour d'autres, il faudra mettre en parallèle une autre mesure. Encourager les éleveurs à investir dans les cultures fourragères à grand pouvoir nutritif. Et d'arguer : «Se contenter seulement d'importer des génisses, c'est en quelque sorte mettre la charrue avant les bœufs.» Preuve en est, et c'est un secret de polichinelle : combien de vaches laitières fraîchement importées se sont vites retrouvées sur le chemin des abattoirs.
Z. A.
Le cheptel algérien
Le cheptel est constitué de trois races de vaches laitières : la race laitière, hautement productive, importée principalement des pays d'Europe. La race locale, peu productive, disponible surtout dans les régions montagneuses, prisée surtout pour sa rusticité. La race améliorée, issue d'un croisement entre la race locale et la race importée. Les races locales et améliorées représentent quelque 80% des effectifs. Ce type de bovin est détenu essentiellement par les éleveurs privés qui contrôlent plus de 90% du cheptel. Les fermes d'Etat, dont les effectifs sont constitués de vaches laitières à haut rendement, n'en contrôlent qu'une très faible part (moins de 10%). Néanmoins, ces effectifs constituent 50% de la
production de lait cru au niveau national. Il faut toutefois préciser que les importations de génisses pleines sont à fort pourcentage d'origine hollandaise et des Montbéliardes. A savoir en outre que le cheptel est localisé dans la frange Nord du pays, particulièrement dans la région Est qui dispose de 53% des effectifs, alors que les régions Centre et Ouest ne totalise respectivement que 24,5% et 22,5% des effectifs bovins. Une plus grande disponibilité de prairies dans les wilayas de l'Est, due à une meilleure pluviométrie, y explique largement cette concentration.


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