La satisfaction exprimée par le directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, à l'issue du sommet sur la sécurité alimentaire, a contrasté avec les déclarations du ministre des Affaires étrangères italien qui a qualifié de « décevant » l'accord final. Les représentants des 183 pays qui ont pris part au sommet mondial sur la sécurité alimentaire, qui s'est conclu jeudi soir à Rome, ont eu du mal à trouver un accord sur les recommandations urgentes à adopter pour faire face à la crise alimentaire qui secoue le monde et menace les pays pauvres. Pourtant, les 43 chefs d'Etat et de gouvernement qui ont fait le voyage dans la capitale italienne avaient exprimé leur volonté d'agir pour contenir les conséquences de la hausse vertigineuse des prix des céréales et des denrées alimentaires. A l'issue du sommet de Rome, seuls 6,5 milliards de dollars sur les 30 milliards que le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, avait réclamés comme aide annuelle pour affronter les situations d'urgence dans le monde, ont été concédés par les donateurs, dont la Banque islamique du développement, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la France (1,5 milliard sur 5 ans). Le gouvernement italien a promis de dégager 190 millions d'euros, bien que les ONG italiennes rappellent que les aides annoncées par les autorités italiennes dans les années précédentes ne sont jamais arrivées à destination. Avant de parvenir à ce modeste résultat destiné à sauver la face aux pays industrialisés, des débats houleux ont retardé l'adoption du texte de la déclaration finale. Les points relatifs aux cultures destinées à l'extraction de biocarburant ont été l'objet d'une forte controverse entre les représentants des pays producteurs, USA, Brésil et certains pays européens, d'une part, et les chefs des délégations africaines, d'autre part. Pour trancher la question, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les deux clans à promouvoir des études d'évaluation des effets de la production l'éthanol sur les autres cultures, principalement celles vivrières. Mais c'est le sujet des subventions accordées généreusement par les Etats du Nord à leurs agriculteurs et celui du protectionnisme exagéré des marchés européens et américains qui laissent une sensation d'amertume parmi les participants appelés à proposer des solutions rapides à leurs populations qui souffrent de malnutrition et qui risquent de voir se détériorer davantage leur droit à la nourriture. L'égoïsme des pays nantis a empêché une fois de plus de lancer une stratégie efficace et urgente pour lutter contre la faim dans le monde.