Le ministre de l'Industrie et de la Promotion des Investissements (MIPI), Abdelhamid Temmar, nous a réconciliés, ce week-end, avec la bonne vieille recette algérienne en matière de gestion : on efface tout et en recommence ! Passé maître des changements dans la continuité, Abdelhamid Temmar croit faire table rase de sa gestion passée pour nous proposer, à quelques sigles près, la même chose… Il a décidé en effet de requalifier les sociétés de gestion des participations (SGP) pour en faire des sociétés de partenariat privatisation (SPP). Ce petit glissement de sigles a curieusement donné naissance à une « nouvelle configuration du secteur public marchand », à en croire les explications de ce ministre. Mais, on l'aura compris, la machine à fabriquer les sigles et les feuilles de route de Abdelhamid Temmar se devait d'être en phase avec la nouvelle « stratégie industrielle » en vogue. Une sorte de nouvel emballage à un produit ancien, et qui plus est, en mévente depuis très longtemps…Question à un dinar : pourquoi M. Temmar, qui règne sur toute la sphère économique depuis près de deux mandats présidentiels, n'a pas encore trouvé une thérapie exacte au mal économique algérien ? A force de multiplier des formules aussi pompeuses que creuses, à l'image des « assises », « mise à niveau », « stratégies hors hydrocarbures », « tout privatisable », le ministre semble avoir fait le tour de la question sans en saisir le contenu. Il n'est guère nécessaire d'être un diplômé de Harvard pour constater que notre ministre tourne en rond. Après neuf ans de pouvoir, on en est encore à chercher une stratégie économique dans un pays qui ne sait plus quoi faire de ses milliards de dollars. La preuve ? Les investisseurs étrangers n'ont d'yeux que pour le commerce – à très forte valeur ajoutée – et les torches de Hassi Messaoud. C'est là le produit le plus abouti et le plus probant de la « gestion » de Abdelhamid Temmar. Pour un ministre qui a fait le tour de France et écumé les vrais et les faux Davos, la moisson est horriblement maigre. Les raisons sont certainement à chercher ailleurs que dans la trituration à chaque fois du schéma d'organisation des capitaux marchands de l'Etat. Le comble est que l'opinion publique et bien sûr l'APN n'ont droit à aucun bilan des réformettes passées. Des fonds de participation (FP) à ces nouvelles sociétés de partenariat privatisation (SPP), en passant par les sociétés de gestion des participations (SGP), les capitaux marchands de l'Etat fluctuent au gré des humeurs. L'exposé des motifs reste souvent spécieux, voire trompeur. On nous dit cette fois que « la gouvernance des participations de l'Etat est appelée à être conforme avec la stratégie industrielle et les objectifs fixés par l'Etat ». Faut-il comprendre par-là que les gouvernances passées n'étaient pas articulées sur les objectifs de l'Etat ? Moralité : SGP traduit en réalité un Sens Grave d'une Politique économique fondée sur le « sur place » et l'à-peu-près. Quant aux SPP et autres SPI et SED, ce ne sont que des sigles destinés à faire avaler la pilule du changement. Dans la continuité…