Le spectacle ne manque pas d'étonner : une procession de charrettes tirées à bout de bras par des enfants, s'étire sur plusieurs mètres au lieu-dit Sidi Salah, sur la route menant à Larbaâ Beni Moussa, située 3 km plus loin. Souvent, plus de 50 personnes s'agglutinent autour de la même source d'eau. « Sauf qu'après les deux heures de lâcher d'eau quotidiennes, les gens repartent bredouilles ou se trouvent contraints d'acheter de l'eau chez les voisins du quartier Belaouadi », soutient Zouaoui Ali, enseignant à l'école primaire. Des citernes appartenant toutes à des particuliers sont mises à leur disposition par des résidants du quartier situé de l'autre côté de la route de Baraki. « Nous achetons de l'eau à 60 DA le jerrican de 200 litres. Il nous arrive même de débourser jusqu'à 3000 DA le mois. » Il reste que les soucis de la population ne s'arrêtent pas là : les réseaux d'assainissement et de gaz de ville ne sont pas disponibles. Seuls les foyers en bordure de la route y sont raccordés. « C'est un passe-droit, alors que leur cas ne diffère pas du nôtre », s'emporte Ali. « Même l'éclairage public est installé le long de la route du quartier, car les résidants, relève-t-il, sont tous originaires de Larbaâ et sont tous très proches de l'exécutif communal actuel. » Seule commodité dont ont pu bénéficier les résidants : l'énergie électrique. « Les autorités locales n'y sont pour rien. Le programme a été décidé en haut lieu », relèvent-ils. Pour eux, ces autorités ne semblent pas décidées à changer les choses. « Le chef de daïra a maille avec la population. Toutefois, le wali de Blida s'est montré disposé à nous venir en aide. Des visites inopinées ont été organisées sur place », attestent nos interlocuteurs. Le réseau de haute tension passe aussi au-dessus d'une partie des habitations, faisant peser une réelle à partir menace sur la population. « Des familles, nous en convenons, ont construit sous le réseau mais doit-on en subir les conséquences », fulminent-ils. Les résidants se voient toujours opposer l'argument selon lequel le quartier. Des actions en justice leur furent intentées, mais « ils s'en sont sortis ». « Il existe, d'après nos recensements, 860 familles issues des 48 wilayas qui sont venues s'installer dans ce quartier ; aussi, il n'est pas facile de les en déloger. » Des équipements sont installés et les résidants de Sidi Salah peuvent en bénéficier aussi. « Un collège est ouvert, un autre ne tardera pas à l'être. Un dispensaire et une salle omnisports sont en chantier », insiste l'enseignant qui dit avoir l'adhésion complète de la population locale. L'association Ennour dont il est « membre actif » ne semble pas avoir pourtant l'aval des autorités. « L'agrément que nous avons demandé est bloqué par le chef de daïra qui semble en vouloir à la population et bloque tout à son niveau », s'insurge-t-il. Autre problème, les accidents qui se sont produits sur la route de Larbaâ. « Cinq accidents ont eu lieu sur ce tronçon et rien n'est fait pour notre sécurité ; des ralentisseurs doivent être installés », relève un vieux en assurant qu'un camion a fauché une jeune fille à la descente d'un bus qui la conduisait vers la colonie de vacances. Les jeunes des quartiers ne semblent pas pouvoir sortir de la précarité. Comment le peuvent-ils alors que les autorités locales ne privilégient, selon eux, que les gens de Larbaâ, les « souchiens » comme ils les appellent. Même Sonelgaz qui a lancé un projet avec les Italiens n'embauche pas la population locale et « ramène » des travailleurs des autres wilayas. « On ne peut que s'en réjouir, mais qu'ils fassent en sorte d'embaucher quelques jeunes du quartier », disent ces mêmes jeunes.