Sans caricaturer aucunement, on peut résumer le gâchis qui caractérise le lotissement de Sidi Ahmed, du nom d'un saint patron de la ville par ce spectacle ainsi : à l'entrée, nous accueille une mosquée entourée de flaques d'eau boueuse, et à quelques mètres seulement du lieu de culte, se trouve une immense benne débordante d'ordures. C'est déjà tout dire. Erigé au début des années 1980, parti pour être une coquette agglomération, un modèle du genre, le lotissement a fini par évoluer en un immense bidonville, en béton. Il a même servi, au fil des années, de terrain d'essai, de chasse, et a été une source d'enrichissement pour quelques entreprises et autres responsables. Aujourd'hui, le lieu se débat dans ses problèmes là-haut, loin des guirlandes et des maquillages locaux. « En l'espace de dix années, le réseau d'assainissement de notre lotissement a été fait et refait, à quatre reprises, sans pour autant parvenir à assainir convenablement les lieux », mentionnera un habitant. C'est-à-dire que des sommes colossales ont été englouties dans des projets, lesquels n'auront ni suivi, ni contrôle. Un autre habitant en témoigne : « On a dépensé plus de 40 millions de dinars pour bitumer la route menant à notre lotissement, en plus de quelques ruelles intérieures sans prendre la peine de faire des avaloirs, comme l'exigent les normes. Seulement trois mois après, la chaussé a commencé à s'effriter. Par la suite, on s'est souvenu encore que le gaz devait être raccordé, alors on est venu défoncer tout ce qui restait du tronçon routier. Aujourd'hui, regardez où nous en sommes ! » En effet, en plus d'immenses nids de poules gerçant la route sur toute sa longueur, les sillons creusés pour les branchements au gaz servent désormais de canalisations à ciel ouvert. Collecte anarchique des ordures ménagères Dans certains endroits, sous l'effet de l'action de l'eau, un creux de plus de 50 cm s'est formé, ayant presque dénudé les canalisations en question. Le spectacle désolant de l'état des routes est accentué par l'anarchie caractérisant la collecte des ordures ménagères. Il n'existe dans le lotissement qu'un seul dévidoir pour plus de 500 familles. Celui-ci est implanté à l'entrée, facilitant la tâche des éboueurs en compliquant celle des habitants. « Moi j'habite à l'extrémité du lotissement, et pour me débarrasser de mes ordures, je dois les porter à plus d'un kilomètre pour arriver au dévidoir. Il faut aussi dire que le camion de ramassage ne vient que deux fois par semaine », dira encore un riverain. Cet état de fait a fini pas décourager certains habitants, qui laissent désormais leurs poubelles à l'air libre, voire même devant le logement du voisin ! Les représentants de l'association du lotissement évoquent d'autres problèmes, en espérant une intervention efficace des responsables concernés. Ils citent, notamment, la situation des élèves de l'école primaire. Située en aval, celle-ci reste d'accès, non seulement difficile, mais dangereux, pour les enfants, qui doivent souvent faire preuve de courage et d'ingéniosité pour rejoindre leurs classes. « Des escaliers feraient bien l'affaire et éviteraient beaucoup d'accidents », estime un citoyen. D'autre part, des bénéficiaires du lotissement de l'évolutif voient d'un mauvais œil l'implantation d'un complexe sportif à proximité de leurs demeures. « Ce projet risque de nous empêcher d'accéder à nos maisons », dira un autre. L'association de la mosquée, quant à elle, préfère plutôt faire des propositions. Son président dira à ce sujet : « Nous disposons d'une grande salle que nous comptons céder aux enfants et aux jeunes pour servir de bibliothèque. Seulement nous aimerions que l'APC nous apporte son concours pour l'aménagement et l'équipement ». Pour tenter de venir à bout de certains problèmes, l'APC de Skikda, même si elle n'est pas directement responsable du lotissement, a déjà lancé plusieurs actions pour pallier aux plus urgent, a-t-on appris. Une étude est actuellement en cours pour refaire le tronçon routier, et trois projets d'aménagement d'escaliers devraient êtres lancés bientôt. Ceci en attendant mieux, comme l'espèrent d'ailleurs les habitants d'un lotissement qu'on a érigé puis mis aux oubliettes.