Un hommage a été rendu à Ousmane Sembène, dimanche et lundi derniers, à la Filmathèque Zinet de l'OREF, où quelques uns de ses films ont été programmés. Ce sénégalais retrouvera donc le chemin des salles sombres de chez nous une année après sa mort. L'enfant de Ziguinchor n'était pas seulement le réalisateur de films tirés du terroir mais aussi cet écrivain et scénariste qui a su faire son sillon. Le cinéma était pour lui cet espace de résistance. Il ne se gênera d'ailleurs jamais pour affirmer ses préférences. En 1942, il est mobilisé comme plusieurs de ses contemporains comme tirailleur sénégalais. Une année après la fin de la guerre, il se retrouvera à Marseille où il vivra de plusieurs métiers. Les grandes causes ne le laissent guère indifférent ; il militera dans la CGT et « fera le coup » de feu, symboliquement s'entend, pour la cause de l'indépendance en Algérie. Le Docker noir fut son tout premier roman. Il y relatera son expérience sur les quais. Il récidivera et écrira un hymne au Sénégal, pays qu'il chérira toujours : Ô pays, mon beau peuple. Plusieurs livres suivront ; tous pour cette touche revendicative. Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), fut sa création. En dépit de l'unanimité qui entoure son œuvre, il a été censuré, le prix spécial du jury lui fut décerné au Festival de Venise, il est victime à nouveau de la censure. Le Camp de Thiaroye, battra en brèche la version française des événements pendant la guerre, plus exactement à Thiaroye en 1944. La projection de ce film de plus de deux heures n'a pu se faire, et pour cause, le public n'était pas au rendez-vous.