Le célèbre cinéaste Sembène Ousmane s'est éteint samedi 9 juin 2007 à son domicile. Casamançais de coeur et de naissance, Ousmane Sembène est né à Ziguinchor en 1923. Avant de devenir un des deux plus grands cinéastes du Sénégal, il a été militaire pendant la guerre (mobilisé en 1942). Après un bref retour au Sénégal, il retourne en France, plus précisément à Marseille, juste après la guerre, et pratique plusieurs petits boulots: mécano, docker, maçon, ouvrier, etc). Dès le milieu des années 50, il commence à écrire, sa première passion. En 1956, il publie son premier roman, Le docker noir qui relate son expérience. Il sera suivi en 1957 par Ô pays, mon beau peuple. En 1960, il publie un nouveau roman, Les bouts de bois de Dieu qui raconte l'histoire de la grève des cheminots en 1947-1948 du Dakar-Niger, la ligne de chemin de fer qui relie Dakar à Bamako. En 1960, l'année de l'indépendance du Soudan français -qui devient le Mali- et du Sénégal, Ousmane Sembène rentre en Afrique. Il voyage à travers différents pays: le Mali, la Guinée, le Congo. En 1961, il entre dans une école de cinéma à Moscou. Il commence à penser au cinéma, pour donner une autre image de l'Afrique, voulant montrer la réalité à travers les masques, les danses, les représentations. Dès son retour, commence sa grande carrière cinématographique qui fera de lui un des premiers et des plus grands cinéastes du continent. Après un premier court métrage, il sort en 1966 son premier long métrage qui est aussi le premier long métrage «négro-africain» du continent, intitulé La noire de...(Prix Jean Vigo de la même année). Puis il enchaîne d'autres films. En 1988, malgré le prix spécial du jury reçu au Festival de Venise, il est victime à nouveau de la censure, mais en France, cette fois-ci, avec Le camp de Thiaroye, film hommage aux tirailleurs sénégalais et surtout une dénonciation d'un épisode accablant pour l'armée coloniale française en Afrique. En 2000, avec Faat Kiné, il débute un triptyque sur L'héroïsme au quotidien, dont les deux premiers volets sont consacrés à la condition de la femme africaine (le troisième, La confrérie des Rats est en préparation). Le second, Mooladé (2003), aborde de front le thème très sensible de l'excision. Doyen des cinéastes sénégalais, Ousmane Sembène recevra de nombreux prix dont le Prix Harvard Film Archive de l'université Harvard de Boston. Au cours de cet événement, un hommage lui sera rendu dont le dernier long métrage Faat Kiné qui était sorti au mois de mai. Au cours du festival, une rétrospective de toute l'oeuvre cinématographique du réalisateur a été également organisée. Des récompenses qui viennent compléter une liste décidément très longue. Le 9 novembre 2006, il reçoit, à la résidence de l'ambassadeur de France à Dakar, les insignes d'Officier dans l'ordre de la Légion d'honneur de la République française. Un grand s'en va...