L'artiste peintre Amor Driss Dokman expose, jusqu'à la fin du mois, à la galerie Baya du Palais de la Culture. A travers un ensemble de 22 impressionnantes œuvres, le plasticien aborde la thémathique du masque. Dans cet entretien, il nous livre les secrets de cette nouvelle approche. Vous revenez sur les devants de la scène artistique avec une nouvelle exposition originale intitulée « Masques et bergemesques, sous les masques, quel dessein... ». Pourquoi le choix d'un tel titre ? Avant tout, il est utile de préciser que le mot « Bergemasque », utilisé dans le titre de cette exposition vient de « Bergame », le nom d'une ville située au sud de l'Italie et renommée depuis le XVIe siècle pour sa grande fête des masques. Ainsi, ce titre n'est qu'une continuité à ma précédente exposition sur les visages. Je pense qu'il y a une évolution. Le choix d'un seul thème par exposition est un excellent exercice pour l'artiste au niveau de la création et, en même temps, cela permet au visiteur de comprendre l'exposition et de mieux apprécier la peinture. Tous mes sujets, je les choisis par rapport à mon vécu. Pourquoi avoir choisi le masque cette fois-ci ? Parce qu'on se rend compte qu'on perd beaucoup de repères chez nous en Algérie. Tout ce qui est paradoxe, hypocrisie. La situation arrive chez des gens proches. Il est vrai qu'à un moment, on prend un masque dans une situation de travail. Mais quand on se rend compte que des gens proches jouent à ce jeu pour faire du mal gratuitement, là une réflexion s'impose. Ce sont ce genres de choses qui m'ont fait très mal. J'ai donc fait une recherche sur le sujet et je me suis éclaté. Ce sont des messages indirects sur le masque. Il y a des non-dits. Il y a également le côté gaieté et joie. Une fois qu'on se cache le visage, on peut faire ce qu'on a envie de faire. Je pense qu'il faut être naturel. J'ai œuvré pour donner un équilibre au niveau de chaque masque et pour éviter la répétition d'une œuvre. Le seul point commun entre mes créations est que dans chaque graphisme et chaque couleur, il y a un message par rapport à une histoire donnée. Il est clair que dans chaque civilisation, le masque a une histoire véhiculant toute une symbolique La totalité de vos tableaux sont parsemés de masques, mais cependant rehaussés d'autres motifs tels que les yeux ou encore les fleurs ? Tout masque a une histoire. Il y a beaucoup de regards d'innocents. On se cache pour faire ce qu'on a envie de faire. II y a le côté esthétique. Etant originaire de Bou Saâda, je suis en mesure de dire qu'il y a un certain port du « aâchar » ou d'une « malhefa ». Le visage est certes beau, mais ne sait pas réellement si la personne est heureuse. Ce sont des masques qui suscitent beaucoup d'intrigues. Pour moi, le masque n'est pas seulement le côté hypocrite et méchant, mais aussi un côté fête, jeu et espoir. J'ai une peinture qui est très difficile à accepter. Je suis quelqu'un qui vit dans un pays qui s'appelle l'Algérie, et il n' y a pas que de mauvaises choses. A travers l'utilisation de plusieurs symboles, j'ai rendu un hommage aux différentes cultures, particulièrement africaines. A travers la réalisation de vos 22 œuvres, vous avez utilisé plusieurs techniques... En effet, ma collection regroupe un ensemble de 22 œuvres réalisées selon des techniques mixtes dont le collage, le dessin, le papier collé et la peinture, le tout sur un support plastique caractérisé par une riche texture. C'est une recherche graphique où est mis en relief le volume du visage. La recherche graphique diffère d'un masque à un autre. J'ai voulu donner l'impression de sortir le visage du fond du tableau et lui donner une certaine force. Les masques au départ ne ressemblaient à rien. Je les ai rembourrés de coton et d'éponge. Par la suite, je les ai recouverts et je les ai peints. Votre palette est un condensé de couleurs à la fois chaudes et claires... Il y a des tableaux qui sont assez sombres et d'autres très clairs. Tout dépend du message que j'ai envie de transmettre. Chacun de mes masques a une histoire personnelle. Il est vrai qu'il y a des couleurs plus claires que d'autres. Je suis réputé pour mes couleurs gaies. Je suis quelqu'un de très joyeux, et comme nous sommes dans un pays de soleil... J'ai choisi une palette de couleurs en fonction de chaque thématique, à laquelle j'ai parfois associé les signes et symboles propres à chaque civilisation.