Les citoyens interpellent les autorités concernées sur les conséquences de cette source de pollution majeure sur leur santé. Où se situe la défaillance ? Comment fonctionne un tel investissement censé traiter les déchets dans le strict respect de l'environnement et qui a coûté dans sa première phase plus de 10 milliards de centimes ? Enquête sur les lieux. Depuis la route nationale (Alger-Oran), à hauteur de Sidi Laroussi, non loin de la zone industrielle de Oued Sly, nous empruntons une route en mauvais état et un passage à niveau non gardé. Au bout de 5 kilomètres de marche en direction du Sud de la wilaya, nous découvrons une clôture longue de plus d'un 800 mètres, un peu à l'écart de la voie en cours de réalisation. L'accès est ouvert et on peut apercevoir ce qu'est réellement le « centre d'enfouissement technique des ordures », qui a été lancé par le ministère de l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement et du Tourisme et dont la gestion est confiée provisoirement aux services de l'APC de Chlef. Il s'agit d'une grande cavité au milieu d'un terrain rocheux, où l'on déverse et presse les ordures par des moyens classiques (des engins de travaux publics). Pollution Le lieu semble déjà saturé, puisque des travaux sont en cours pour creuser un nouveau trou, juste à côté, avec des fonds supplémentaires de l'ordre de 11 milliards de centimes. Globalement, une enveloppe de 26 milliards de centimes a été dégagée par le ministère concerné pour la réalisation, l'équipement et l'extension de cette infrastructure qui devait prendre en charge les ordures de 5 agglomérations, pour une longue durée. Les trois agents rencontrés sur place ont refusé de nous entretenir sur le sujet et l'un d'eux, qui s'est présenté comme étant le gardien du site, nous a exigés une autorisation pour pouvoir y accéder et recueillir les informations nécessaires. Nous avons également pris attache avec le vice-président de l'APC de Chlef, en charge du dossier, mais celui-ci ne nous a pas contactés comme il l'avait promis. Pour leur part, les citoyens des cités environnantes ne sont pas avares en déclarations et nous ont fait part des pires souffrances qu'ils endurent au quotidien après la mise en service de ce qu'ils appellent « mezbala » (décharge), il y a trois années. Celle-ci, pour rappel, avait remplacé la décharge sauvage de Chegga, sur les berges de l'Oued Cheliff qui passe au milieu de la ville de Chlef. « Non seulement la nouvelle décharge dégage une odeur nauséabonde que favorisent les vents soufflant dans notre direction, mais en plus, elle nous asphyxie par les nuages de fumée qui proviennent des déchets brûlés au même endroit », nous diront certains d'entre eux. Il faut signaler que le choix du site avait été contesté à l'époque par un député indépendant sortant, qui craignait une contamination de la nappe phréatique, se basant sur des études faites pendant l'ère coloniale. Une remarque qui lui a valu des poursuites judiciaires de la part de l'Administration Locale, car on estime que le choix du lieu s'est effectué selon « les résultats de l'étude d'impact sur l'environnement ».