Rencontré en marge de la réunion ayant regroupé hier les chefs d'entreprise français et algériens, Bruno Lafont, PDG du groupe français Lafarge, spécialisé dans les matériaux de construction, a indiqué qu'il a acheté 35% du capital de la cimenterie de Meftah pour un montant de 43,5 millions d'euros. L'usine produira 1,2 million de tonnes en 2010. Dans une première étape, le groupe en question injectera 20 millions d'euros d'investissement avant de revoir ses ambitions à la hausse, et ce, en fonction des besoins du marché national, selon son PDG. Ce dernier révèle qu'il compte réaliser une cimenterie en Algérie sans pour autant donner plus de détails. A noter que ce groupe est présent dans au moins 80 pays dans le monde. Au plan des relations commerciales, il est à signaler que la France demeure le premier client de l'Algérie en gaz et son premier fournisseur en produits alimentaires. Quelque 300 entreprises françaises sont implantées dans notre pays. Cela n'a pas empêché Abdelhamid Temmar, ministre algérien de l'Industrie et de la Promotion des investissements, de formuler certaines critiques. « L'attitude des investisseurs français est lente (…) Ils regardent de plus près et posent trop de questions », regrette-t-il lors d'une réunion entre les chefs d'entreprise algériens et français, tenue hier, à Alger. Mme Christine Lagarde, ministre française de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi, était également présente. Abdelhamid Temmar a modéré toutefois ses propos en reconnaissant, sans ambages, que cette prudence est due à une « bureaucratie » contraignante. « On comprend leurs réticences », note-t-il. Le volume des investissements français, ajoute-t-il, progresse de manière consistante. Selon lui, sur les 641 opérations d'investissements réalisées par des opérateurs étrangers entre 2002 et 2008, environ 143 opérations sont l'œuvre d'entreprises françaises, soit 23% du taux d'investissement. Parmi les pays de l'Union européenne (UE), la France a enregistré 148 opérations d'investissements sur un total de 254 opérations, l'équivalent de 60% du taux de l'investissement européen en Algérie. Ainsi, le pays de l'Hexagone se taille la 5e place en matière d'investissements loin derrière l'Egypte qui occupe la tête du peloton. Le gros des investisseurs français se trouve dans les secteurs de l'eau et des travaux publics. A l'adresse des présents, le ministre a appelé à mettre en place un mécanisme définitif pour permettre un compagnonnage des entreprises nationales. Interpellé par un homme d'affaires français qui se plaint du problème du foncier, M. Temmar a rassuré ses vis-à-vis en estimant que cette difficulté sera écartée, notamment à travers la nouvelle loi domaniale récemment adoptée par l'APN. Mme Lagarde qui s'est félicitée, pour sa part, de la qualité des échanges bilatéraux, a précisé que la France espère diversifier ses échanges avec l'Algérie en promettant d'encourager les équipementiers automobiles afin d'aller investir dans le Sud de la Méditerranée. Au sujet du développement du secteur financier national, elle a rappelé la résolution d'un vieux contentieux entre Alger et Paris portant sur les assurances. « Les entreprises françaises seront désormais libérées des contraintes », précise-t-elle. Annoncé initialement, pour hier, la signature par les deux ministres des contrats de cession et de management de la SCM de Meftah avec le groupe français Lafarge et d'un protocole d'accord entre l'EPE AMC avec un autre groupe du nom de Schneider, s'est déroulée avant-hier. « Il y avait un chamboulement de dernière minute pour permettre aux représentants des entreprises de participer au dîner offert par Bouteflika en leur honneur », révèle un responsable du département de Temmar.