La multiplication d'actes de violence inouïe ces derniers jours dans des enceintes sportives - plus particulièrement -, mais aussi dans des espaces plus publics, révèle un malaise dont l'ampleur n'est pas mesurée. D'autant moins en fait qu'il s'agit d'actes répétés pour lesquels les autorités n'ont d'autre réponse que celle de la répression. Ce qui est dans de nombreux cas une fausse solution apportée à un vrai problème. Car les mesures les plus punitives ne parviendront pas à réduire définitivement un phénomène à la base duquel il y a un tragique déficit d'écoute. Tragique parce que cette violence, donnée ou subie, implique les jeunes classes d'âge - enfants, adolescents ou encore jeunes adultes - auxquelles la société ne parvient pas à proposer des plans de vie fondés sur les performances dans les études ou le travail et qui permettent à chacun de s'accomplir. L'effort des institutions en charge de la protection de la jeunesse ne peut pas se suffire alors à lui-même dans des conditions où l'environnement -celui de la rue notamment - ne vient pas à la rescousse. Où sont les centres culturels dans lesquels les jeunes des quartiers, occultés par tous les plans de développement, trouveraient matière à épancher leur soif, certainement légitime, d'accumulation de savoir ? Où sont les gymnases de proximité où ils pourraient aussi trouver des adjuvants à une énergie détournée vers de moins glorifiantes occupations que l'activité sportive ? Il en coûterait, de toute évidence, d'édifier des bibliothèques de quartier ou des conservatoires où naîtraient, en tout état de cause, des talents. Il est toujours plus simple, dans de tels cas de figure, de ne rien entreprendre. Dans l'intervalle, ces jeunes livrés à eux-mêmes sont des êtres de chair et de sang. Ils ont la faculté de comprendre leur société. Et ce qu'ils voient, de prime abord, ce sont tous les signes extérieurs de richesse qui font contraste avec leur propre vécu quotidien inscrit dans la désespérance. Leur recours à l'agressivité - devenu maintenant si fréquent - n'est pas une fatalité. C'est un voyant qui s'allume avec force pour que chacun - de la famille jusqu'aux rouages les plus complexes de l'Etat - soit mis devant ses responsabilités. Car, de quelque côté qu'on les approche, ces signaux de violence, expression d'un malaise récurrent, virent au rouge.