Au niveau E de l'hôtel El Aurassi (Alger), la fête pouvait commencer pour Si Ahmed à qui la salle d'environ 1400 délégués est acquise avant même la présentation du bilan du parti. 9h30 tapantes. Ouyahia fait une entrée triomphale, flanqué du président de l'APN, Abdelaziz Ziari. Y a-t-il un candidat concurrent à Ahmed Ouyahia dans ce congrès ? Oui, c'est Ouyahia Ahmed ! Cette réplique ironique et amusante d'un député du RND hier dans la grande salle de l'hôtel El Aurassi, où se tenait le congrès de ce parti, résume bien la posture triomphante du néo-chef du gouvernement. Déjà aux abords de l'hôtel, la file des autobus orange du transporteur des étudiants Tahkout invite le passager à ce luxueux hôtel d'Alger à plonger dans l'ambiance RNDiste. Juste en face de l'entrée principale, un chassé-croisé de voitures rutilantes, noires pour la plupart, sur fond de grésillements de talkies-walkies et de crépitements de flashes des photographes arrivés en nombre. Normal, on a affaire à un Ouyahia chef du gouvernement et non plus uniquement au simple chef du RND. La différence se remarque aisément par ce dispositif logistico-sécuritaire. Au niveau E de l'hôtel, la fête pouvait commencer pour Si Ahmed à qui la salle d'environ 1400 délégués est acquise avant même la présentation du bilan du parti. 9h30 tapantes. Ouyahia fait une entrée triomphale, flanqué du président de l'APN, Abdelaziz Ziari. La salle se lève aussitôt comme un seul homme et applaudit à tout rompre. Voilà qui renseigne bien sur le pouls de la base en attendant le plébiscite dans l'après-midi. En costume gris souris et une chemise bleu ciel assortie d'une cravate bleu mouchetée, Ahmed Ouyahia s'assoit à la première rangée aux côtés de son invité. Pendant ce temps, les journalistes cherchent vainement la tête de Belkhadem parmi l'aréopage de personnalités invitées. Les commentaires coulent alors à flots. Et c'est Ouyahia himself qui annonce à la salle le départ de Si Abdelaziz aux Lieux Saints de l'Islam en lui souhaitant « un bon retour ». Pas au gouvernement bien sûr…Belkhadem parti à La Mecque, Ouyahia peut maintenant dire sa messe. Premier précepte de ces assises : il est désigné à main levée président du bureau du congrès. Une première ! Il prend donc place dans la tribune et appelle tout de suite Bachir Moustafa Sayyed, le représentant du noyau dur du Polisario, pour ouvrir les interventions des invités. Un geste symbolique par lequel Ouyahia voulait montrer la voie dans le dossier du Sahara occidental. Tout de suite après, c'est l'ambassadeur de l'Autorité palestinienne qui est invité à dire son mot. Le patron du RND mais surtout le chef du gouvernement veut sans doute réaffirmer les fondamentaux de la politique étrangère. Le message est limpide. Parole au représentant du RCD, pas celui de Saïd Sadi, mais celui de Zine El Abidine Benali. Betchine, Bouhadja et les patrons Puis Saïd Bouhadja, le lieutenant de Belkhadem, est appelé à la barre, euh… à la tribune du RND. Gêné visiblement par ce douloureux exercice devant les 1400 personnes et une centaine de reporters, au lendemain de l'éjection de son chef. On imagine bien les sensations de l'homme en terrain « hostile ». Une fois son laïus terminé, le représentant du FLN, comme sonné par l'épreuve, a failli s'envoyer au tapis après avoir titubé sur une marche… Bruits et chuchotements dans la salle, mais aussi quelques éclats de rire qui en disent long sur la nature des commentaires. Bouguerra Soltani, en revanche, fait quasiment un sermon d'allégeance à Ouyahia. « Vous êtes quatre fois président, si Ahmed. Vous êtes déjà président du RND, président du bureau du congrès, président de l'alliance présidentielle et président du gouvernement ! », lance le chef du MSP taquin. Est-ce une façon pour suggérer à Ouyahia de remiser ses ambitions pour la présidence ? Peut-être. En tout cas, la tirade de Bouguerra Soltani a fait se marrer toute la salle. En face, Mohamed Betchine, le général à la retraite, suit tranquillement le spectacle à côté de Miloud Chorfi et une flopée d'invités de marque. Ahmed Ouyahia clôt les interventions par celle de Chérif Mahdi, l'un des membres fondateurs du parti, comme pour donner un gage de fidélité. Mais il n'y a pas de trace de Benbaïbeche, de Saïd Bendakir, de Kacem Kébir et Aïssa Nouasri. En revanche, Cherif Rahmani, qui a pris ses distances vis-à-vis de la direction du parti dans le sillage de la tentative du push contre Ouyahia en 2002, signe son retour. Les patrons qui adorent les « bi » et tripartites de chef du gouvernement sont venus en force. Habib Yousfi, Naït Abdelaziz, Réda Hamiani et Issad Rebrab, entre autres, ont studieusement suivi le discours à forte teneur économique de leur désormais partenaire dont ils espèrent tirer une valeur ajoutée. Et si l'on doit se fier à l'applaudimètre, le boss Ouyahia a sans doute réussi son examen. Eh oui, son double triomphe en trois jours vaut bien une messe. Belkhadem, lui, a préféré La Mecque, pour un repos spirituel, loin du tumulte d'Alger.