Pour la première fois en Algérie, le comité compte 245 pays, y compris l'Autorité palestinienne, des institutions intergouvernementales et des ONG internationales actives dans les domaines liés aux zones humides en Méditerranée. Selon le coordinateur MedWet, Spyros Kouvelis, après les trois années de fonctionnement de l'unité de coordination MedWet, la sixième réunion prévoit dans son calendrier d'axer les travaux sur certains problèmes inhérents à l'état d'avancement des activités des divers projets, au développement des réseaux, à l'utilisation des méthodologies et des outils de MedWet. Bien entendu pour cette réunion, la rencontre des membres du comité des zones humides méditeranéennes constitue un espace pour évaluer les différentes expériences vécues et faire des propositions pratiques et réalisables pour le développement des richesses naturelles de la faune et de la flore dans les zones humides méditerraénnes, tout en mettant l'accent sur les moyens humains, matériels et financiers à mettre en œuvre, pour un meilleur suivi de la situation. Pour rappel, le comité MedWet a été créé en 1996 par une décision du comité permanent de Ramsar, approuvée par l'une des résolutions de la septième réunion de la conférence des parties à la convention de Ramsar, qui s'est tenue au Costa Rica au mois de mai 1999. Parmi les points inscrits à l'ordre du jour des travaux de cette sixième édition, celui concernant l'examen des préparatifs de la prochaine réunion du comité permanent de Ramsar qui se tiendra au mois de novembre 2005 à Kampala (Ouganda). Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Barkat a tenu à préciser que des menaces réelles pèsent sur le maintien des ressources biologiques qui sont primordiales pour son développement économique et social, voire sa survie. Il a affirmé que la multiplication des cataclysmes dus à la destruction des milieux naturels, la disparition des espèces et la réduction de la diversité des ressources biologiques dans des régions entières de la planète ont graduellement fait naître une prise de conscience universelle sur la question de la préservation de la diversité biologique. Les menaces qui pèsent sur les espèces animales sont avant tout dues aux modifications des milieux, aux conditions de survie rendues précaires et à la pression humaine. En Algérie, les écosystèmes forestiers s'étendent sur 4,1 millions d'hectares, soit 11% des territoires du nord du pays. Le monde rural est porteur, selon l'orateur, d'un savoir-faire dans la gestion de l'espace et la mémoire d'une civilisation. Il convient de préserver le plus possible ces milieux naturels et en créer d'autres. D'ailleurs, un réseau d'aires naturelles protégées constitue l'élément clé de tout programme de protection qui vise à maintenir des espèces animales et végétales des écosystèmes et des ressources génétiques sauvages et domestiques. Il y a quatre ans, l'Algérie s'est fixé l'objectif de classer 40 sites des zones humides d'importance internationale. Dix sites ont été classés en 2001, treize en 2002 et 16 viennent d'être classés par le secrétaire général de la convention Ramsar. Avec ses 42 sites classés, l'Algérie, de par la superficie classée, soit 3 millions d'hectares environ, se classe en troisième position en Afrique et huitième dans le monde. Néanmoins, il y a lieu de reconnaître que des pans entiers de la biodiversité de l'Algérie sont encore méconnus. La réhabilitation des aires des zones humides se réalise grâce à l'apport précieux du savoir-faire local de lutte contre l'ensablement, notamment par cette utilisation d'une technique ancestrale qui consiste à élever les clôtures en palmes sèches, comme pour l'oasis de Tamentit. Reconnaissance internationale Le Dr Ammar Boumezbar, dans son intervention, a affirmé que les zones humides sont détruites à un rythme sans précédent. Elles sont privées de leur eau par des pompages excessifs, la construction de barrages et sont même complètement drainées au profit de l'agriculture. Le lac Haloulla dans la Mitidja qui a totalement disparu, les marais de la Macta, sont autant d'exemples. Les tentatives d'assèchement ne cessent de se répéter. En Algérie, en dépit des efforts qui ont été déployés et des résultats obtenus, selon le Dr Boumezbar, l'utilisation rationnelle des zones humides est encore loin d'être atteinte. Il y a du travail à réaliser d'une façon progressive, pour que les lacs chotts, sebkha, guelta et daya soient dotés de plans de gestion à même de garantir leur utilisation durable surtout et ne soient plus transformés en dépotoirs à ciel ouvert et en réceptacles des eaux usées. L'Algérie a classé six lacs d'eau douce, six chotts, trois oasis, trois gueltas, deux marais, une plaine d'inondation, une grotte, une tourbière, une aulnaie, une sebkha et une crique. Selon le directeur général des forêts, les tentatives d'assèchement avortées ont conduit à la disparition de 7 à 8 espèces d'oiseaux qui nichaient régulièrement dans les sites agressés. Les complexes d'El Kala et de Guebès Sanhadja constituent l'un des principaux réservoirs de la biodiversité du bassin méditerranéen. D'ailleurs, la région d'El Kala (Algérie) représente la zone la plus importante pour l'accueil de l'avifaune aquatique migratoire, en accueillant près des 2/3 des populations d'oiseaux qui hibernent en Algérie et dont certains sont menacés de disparition. Un inventaire non exhaustif a fait apparaître 245 sites naturels représentant les zones humides les plus importantes du pays. Cet inventaire a mis à nu les insuffisances dans la formation de cadres chargés de la collecte des informations. La reconnaissance internationale a été une excellente motivation pour l'élaboration d'un véritable plan d'action en faveur de la préservation et la création des sites dans les zones humides en Algérie. Cet effort de classement ne peut se concrétiser que grâce à un partenariat régulier avec le programme eaux vivantes du WWF international et la fondation de Mava pour la protection de la nature. La prise de conscience des politiques ne suffit pas, car la préservation des zones humides concerne les autorités locales, les collectivités locales et le mouvement associatif. Le site de Réghaïa a nécessité la somme de deux millions d'euros, dont 460 000 ont été alloués par l'association Life. D'ailleurs, le comité MedWet a programmé une visite des participants à ce site dans l'après-midi de la première journée de cette rencontre.