C'est aujourd'hui dans la station balnéaire de Charm el Cheikh, en Egypte, que s'ouvre le 11e sommet de l'Union africaine (UA) avec encore une fois en toile de fond, sinon le sujet dominant, les conflits en Afrique, avec cette fois le cas du Zimbabwe qui accapare l'attention. D'ailleurs, même le Conseil de sécurité des Nations unies est attentif à la décision que prendra ce sommet de deux jours sur cette question embarrassante pour l'Afrique, dans la mesure où cette même ONU a montré ses limites à discuter d'une crise électorale. C'est fort de ce blocage que le président zimbabwéen, réélu sans surprise vendredi dernier, faute d'adversaire puisque son concurrent s'est retiré, risque de faire son entrée dans la salle des conférences de Charm El Cheikh, anticipant sur l'éventuelle décision de ses pairs africains, la plupart d'entre eux doivent prendre part à une série de trois rencontres, et la plus importante d'entre elles étant, certainement, celle du Conseil de paix et de sécurité prévue pour hier. A cet égard, le tout nouveau commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, l'Algérien, Ramdane Lamamra, a affirmé que cette réunion s'attellera à examiner les différents foyers de tension dans le continent africain. M. Lamamra a indiqué que « l'importance accordée aux questions de la paix et de la sécurité dans le continent africain, lors des réunions africaines, ne relève pas du choix des dirigeants africains mais d'une exigence devant l'accumulation des questions liées à ce volet ». « La commission africaine, a-t-il ajouté, présentera une communication lors du sommet sur la situation de la sécurité et de la paix dans le continent ». « Six foyers de tension en voie de règlement seront inscrits lors de cette rencontre sur les 12 existants, sachant que les six restants requièrent des efforts supplémentaires », a-t-il encore précisé. Parmi ces crises, M. Lamamra a cité « le conflit en Somalie et la situation entre Djibouti et l'Erythrée ». Dans le même contexte, M. Lamamra a souligné que l'UA joue son rôle dans la crise au Zimbabwe, en intervenant, a-t-il poursuivi à deux niveaux : « Le premier dans la surveillance électorale en étant présente lors du premier tour et en étant représentée, lors du deuxième tour, par près de 100 observateurs électoraux ». Quant au deuxième niveau, il a évoqué une intervention au plan de la « diplomatie préventive ». Les chefs d'Etat auront, a-t-il noté, l'occasion de traiter cette question après la présentation par la commission africaine des initiatives entreprises, soulignant à ce propos, « la confirmation » de la participation du président zimbabwéen Robert Mugabe au sommet africain ce qui lui permettra, a-t-il dit « d'expliquer la réalité des choses dans son pays ». Rappelons que la réunion du Conseil exécutif préparatoire du sommet a mis samedi entre parenthèses la crise zimbabwéenne afin de poursuivre l'examen de l'ordre du jour, en attendant le Conseil de paix et de sécurité d'hier. La journée de vendredi, qui coïncidait avec le second tour de la présidentielle controversée au Zimbabwe, avait été presque totalement consacrée à la crise politique au Zimbabwe qui divise et préoccupe l'UA. « Toute la première séance du huis clos a été consacrée au Zimbabwe et les participants ont débattu franchement de la gravité de la situation », a indiqué le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, expliquant que certains souhaitaient botter en touche, tandis que d'autres préféraient « préparer les chefs d'Etat à la question en ayant toutes les informations en main ». « La Communauté de développement économique d'Afrique australe (SDAC) a établi un rapport et nous nous acheminons apparemment vers des négociations. On a tous l'espoir d'arriver à une solution », a-t-il déclaré, tout en indiquant qu'il « est possible que le leader de l'opposition, arrivé premier au premier tour, Morgan Tsvangirai, joue un rôle important dans son pays, Premier ministre exécutif par exemple mais avec des garanties ». La proposition d'un compromis sur le modèle kényan pour sortir de la crise zimbabwéenne a été froidement accueillie par certains Etats membres de l'UA, ainsi que par des représentants de la société civile africaine. Vendredi soir, le président de l'UA, Jean Ping, a assuré que « le problème du Zimbabwe, j'en suis convaincu, trouvera une solution crédible. Donnez-nous le temps d'en débattre avec nos chefs d'Etat, avec la SADC ». Indéniablement, l'Afrique n'entend pas fuir ses responsabilités, mais elle refuse par contre d'être éloignée d'autres questions aussi sensibles, comme les conflits dont le nombre ne fait que croître, et partant absorber l'essentiel des discours et des moyens de la jeune organisation.