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Echec au Conseil de sécurité
Crise électorale au Zimbabwe
Publié dans El Watan le 29 - 06 - 2008

C'est peut-être la première fois dans les annales internationales qu'une crise interne accapare l'attention. Il s'agit de la situation au Zimbabwe que le Conseil de sécurité des Nations unies n'a pas réussi à prendre en main, laissant de fait ce dossier au sommet de l'Union africaine qui s'ouvre demain à Charm El Cheikh en Egypte.
Chaque partie juge la situation à sa manière, permettant au président sortant de tenir sa propre élection, comme il l'a lui-même déclaré, poussant l'opposition à dire ce qu'elle pense de certains régimes, et plus précisément du chef de l'Etat sud-africain, Thabo Mbeki, en nette opposition avec son parti. Le premier est ouvertement accusé d'appuyer le régime zimbabwéen, tandis que l'ANC a fait savoir que ce dernier a bafoué les règles de la démocratie. C'est un point de rupture que le nouveau chef de l'ANC a voulu marquer. Même le leader historique de ce parti, Nelson Mandela, a dit ce qu'il pensait de la situation en affirmant, selon le premier ministre britannique, que « les dirigeants ont échoué au Zimbabwe ».
Cette crispation a pris plus de relief, hier, avec la condamnation par l'opposition zimbabwéenne de l'échec du Conseil de sécurité de l'ONU, à déclarer illégitime le résultat de la présidentielle au Zimbabwe, en accusant l'Afrique du Sud d'en être responsable. « Ce que nous espérerions de la communauté internationale, c'est qu'elle déclare illégitime cette soi-disant élection », a déclaré le porte-parole du principal parti d'opposition, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Nelson Chamisa. Le président sud-africain, Thabo Mbeki, chargé par ses pairs d'Afrique australe d'une mission de médiation dans ce pays, « a abandonné le peuple du Zimbabwe en agissant comme s'il protégeait un Etat voyou », a poursuivi le porte-parole. « Le fait que la communauté internationale marche sur la pointe des pieds, fertilise indirectement la répression au Zimbabwe », a-t-il expliqué au lendemain du second tour de la présidentielle organisé par le président Robert Mugabe, en dépit du retrait de la course électorale du chef de l'opposition, Morgan Tsvangirai, découragé par la répression. Effectivement, l'instance onusienne n'a pu s'entendre, vendredi dernier, sur un texte qui aurait déclaré illégitime le résultat du scrutin.
L'ambassadeur d'Afrique du Sud, Dumisani Kumalo, a empêché l'adoption d'un projet de déclaration beaucoup plus fort, qui aurait affirmé que les résultats de l'élection du 27 juin ne pouvaient avoir « ni crédibilité ni légitimité » et que les résultats des élections du 29 mars devaient donc « être respectés ». A l'issue du scrutin du 29 mars dernier, le MDC avait remporté les législatives et M. Tsvangirai avait devancé M. Mugabe au premier tour de la présidentielle. M. Mbeki, chargé par la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) d'aider à trouver une issue à la crise au Zimbabwe, a, jusqu'ici, favorisé la « diplomatie discrète », refusant de critiquer ouvertement son homologue zimbabwéen. M. Tsvangirai avait déjà demandé, en vain, à la SADC de lui retirer son mandat de médiateur.
Le porte-parole du MDC a estimé que le président sud-africain était désormais complice dans le « vol de la démocratie », allant jusqu'à l'accuser de collusion avec le parti au pouvoir au Zimbabwe, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF). « On pourrait croire que Mbeki a sa carte de membre de la Zanu-PF, à voir la façon dont il défend ce parti », a dit M. Chamisa. « Mugabe s'appuie uniquement sur la répression et sur Mbeki », a-t-il ajouté. L'adoption de ce texte, rédigé par la Grande-Bretagne, nécessitait l'unanimité des 15 membres du Conseil mais M. Kumalo s'y est fermement opposé, entraînant dans son sillage d'autres pays dont la Russie, selon les diplomates. M. Kumalo a expliqué à la presse sa position, arguant que « la certification d'élections n'entre pas dans les compétences du Conseil ». Le diplomate sud-africain a également plaidé pour que le Conseil de sécurité ne gêne pas, en adoptant un texte trop fort, l'action de l'Union africaine (UA), qui tente, elle aussi, de dénouer la crise zimbabwéenne. La marge de manœuvre parait étroite, et encore une fois, l'Afrique aurait bien voulu faire l'économie d'une telle crise. Une de trop.


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