L'appel lancé par le CNES, section de l'université de M'sila pour la tenue d'un sit-in de réprobation des mesures de suspension prises par le recteur contre l'enseignant Rouadjia Ahmed n'a pas drainé beaucoup de monde en cette journée qui a coïncidé avec la cérémonie de clôture de l'année universitaire 2007-2008. « L'important, dira le coordinateur de la section CNES, n'est pas dans le nombre d'enseignants qui a pris part à cette manifestation, mais dans leur adhésion au principe de condamnation des atteintes à la liberté d'expression et aux dépassements de différentes natures dont sont victimes les enseignants. » Le wali de M'sila, qui était présent à la cérémonie de clôture de l'année universitaire, approché par les syndicalistes du CNES, a répondu favorablement à leur demande en acceptant de les recevoir et d'écouter leurs doléances dans un cadre organisé, dira-t-il, loin des agitations qui ne sont pas un bon exemple pour les étudiants. Le recteur de l'université de M'sila, interrogé sur cette affaire, a soutenu : « Je n'avais aucunement l'intention d'interdire à quiconque d'exprimer ses opinions dans la presse nationale sur des thèmes de quelque nature que ce soit. Seulement, l'article publié par El Watan les 9 et 10 mai 2008, n'a rien d'une contribution scientifique, par le fait que moi-même j'ai été diffamé, l'université diffameé et l'enseignant diffamé en le traitant de lâche et pour s'en convaincre, je laisse soin à quiconque de s'en rendre compte par lui-même en lisant l'article en question. Il doit répondre devant la justice sur la teneur de ses écrits ». Et d'ajouter : « Cet enseignant n'a pas été révoqué ; il a été suspendu par mesure conservatoire après avoir répondu au questionnaire du doyen de la faculté des lettres et sciences sociales, dans lequel il lui a été demandé de s'expliquer sur les écrits diffamants et ayant porté atteinte à l'université algérienne, parus dans la presse nationale. » On croit savoir que c'est à partir de ce questionnaire que tout a été déclenché. Pour l'éclairage de l'opinion, il nous a paru utile d'exposer la teneur de la réponse de l'enseignant Rouadjia au questionnaire dont El Watan a pu avoir une copie auprès du CNES de l'université de M'sila : « Monsieur, j'ai l'honneur de répondre à votre courrier daté du 10/06/2008 dans lequel M. le recteur me reproche d'avoir calomnié et d'avoir entaché l'image de l'université algérienne et celle de M'sila. Je tiens à vous répondre que ce reproche n'a aucun fondement juridique, politique ou moral. Etant un chercheur confirmé et reconnu sur le plan national et international, ma raison d'être est de conduire des travaux et des écritures ayant pour objet tous les sujets sociaux possibles, y compris sur la mauvaise gestion de certaines de nos institutions. Le droit à l'expression est garanti par la Constitution algérienne. En tant que citoyen, j'use pleinement de ce droit. Sur ce point, je n'ai de leçons à recevoir de personne. Veuillez, M. le recteur et doyen, agréer l'expression de ma haute considération. » Signé en arabe : Rouadjia.