Pour la première fois, les ministres de la Défense des 5+5 pays de la rive occidentale de la Méditerranée (Tunisie, Mauritanie, Maroc, Libye, Algérie, Espagne, Italie, Portugal, Malte et France) tiendront une séance de travail à Paris le 21 décembre à l'invitation de Mme Alliot-Marie. Cette réunion des ministres de la Défense des pays membres du Processus de Barcelone suit de près la réunion des présidents des Parlements des 5+5, le 7 décembre à Paris, et le colloque organisé par l'Institut euroméditerranéen, les 7 et 8 décembre, sur la relance du processus de Barcelone qui bouclera une décennie d'existence, le 25 novembre 2005. Ces réunions qui se succèdent (sans parler des sommets ministériels de Tunis et d'Oran) visent à relancer un « processus en panne », tout au moins au « bilan mitigé », voire « contrasté », un forum de dialogue et de partenariat régional indispensable, mais qui a montré des faiblesses et des insuffisances. « Un partenariat global, solidaire et équilibré fondé sur les principes de bon voisinage, de respect mutuel et de confiance réciproque », tel est le message des pays maghrébins à l'adresse de leurs partenaires européens de la Méditerranée. LA MÉDITERRANÉE, ENJEU SÉCURITAIRE Les rendez-vous des 5+5 suivent également ou précèdent de peu des initiatives américaines, comme le « forum de l'avenir » qui s'est tenu samedi dernier à Rabat dans le cadre du projet d'inspiration américaine de « démocratisation » du monde arabe. La rivalité entre Américains et Européens dans une région éminemment stratégique - la Méditerranée occidentale, et plus particulièrement le Maghreb, porte d'entrée du Moyen-Orient - s'accentue. Le partenariat euroméditerranéen n'est pas exclusif d'autres coopérations, disent, pour leur part, les pays du Sud. Pour relancer le processus de Barcelone, le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, a proposé, lors du symposium de Paris, au nom de l'Espagne et de la France, de transformer le processus de Barcelone en « un véritable pacte politique » entre le nord et le sud de la Méditerranée. Le chef de la diplomatie espagnole a préconisé « un plan d'action clair et spécifique pour cette relation essentielle », un « renforcement de la coopération en matière de sécurité et de défense », de donner à l'assemblée parlementaire euroméditerranéenne sa « véritable dimension ». Il a souligné que « l'année 2005 sera l'année de la Méditerranée. » Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l'OTAN, M. Hardouin, dans une intervention à l'occasion d'une journée d'étude sur les perspectives du Dialogue OTAN-Méditerranée, à Alger, a été on ne peut plus clair : « La lutte antiterroriste est un des domaines prioritaires retenus pour une coopération plus large et plus ambitieuse des pays méditerranéens et est un des objectifs du nouveau cadre méditerranéen, élevé au rang de partenariat à part entière. » Il a aussi souligné que « le renforcement du Dialogue politique et de la coopération dans le domaine de la réforme de la défense » constitue un autre objectif du dialogue OTAN-Méditerranée. « Il faut écouter les pays du sud de la Méditerranée pour essayer de lancer une coopération pragmatique. » Cette affirmation du directeur général Europe au ministère des Affaires étrangères et président du comité interministériel de suivi des relations avec l'OTAN, Mohamed Hanneche, vaut pour tous les cadres de partenariat.