Des dizaines de familles, des cas sociaux, sont logées dans des chalets. L'ADE leur exige le paiement de l'eau et des travaux de raccordement. Les récalcitrants sont poursuivis en justice. Les 226 chalets installés sur le territoire de la commune de Beni Amrane après le séisme du 21 mai 2003 sont aujourd'hui affectés aux cas sociaux. Ils sont implantés dans deux sites ; 216 au site de Brossard et les 10 autres au site des Bouchou. Les habitants souffrent le martyre quotidiennement notamment en été. La chaleur qui se dégage de ces bâtisses de zinc est insupportable. Outre la chaleur, les robinets sont généralement à sec. Le problème de l'eau aux 216 chalets a pris une autre tournure. L'ADE a adressé des factures « salées » aux habitants. Dans certains cas, elles dépassent les 22 000 DA. On explique cela par « la consommation d'eau depuis l'attribution des chalets et les frais des travaux effectués sur le réseau d'AEP ». Les citoyens peuvent être convaincus de payer les frais de consommation, mais pas ceux relatifs aux travaux effectués qu'ils jugent excessifs. Un résident, excédé, s'interroge : « Pourquoi Sonelgaz, par exemple, n'a-t-elle pas exigé le paiement des compteurs, des fils électriques, des gaines et des lampes ? Pourquoi ceux qui ont fait l'assainissement ne leur ont pas adressé une facture pour le payement des siphons et des canalisations ? » Les habitants de Beni Amrane ont toujours en mémoire la « solution » apportée par l'actuel député de la région. Son passage dans la commune lors de la campagne électorale avait suffi pour rouvrir les vannes et alimenter les chalets en eau potable. Les élections passées et le candidat du FLN élu, la sécheresse a regagné le réseau d'AEP et l'ADE a repris ses « mesures ». Aujourd'hui, de nombreux citoyens sont en justice. On a déclaré aux citoyens que l'ADE « a le droit de vous ester en justice, mais pas celui de vous couper l'alimentation en eau ». Aujourd'hui, beaucoup sont traînés devant les tribunaux et pour leur double malheur, l'eau a cessé de couler même si dernièrement un arrangement a été trouvé en élaborant un calendrier de payement des factures de consommation. Mais les sites des chalets ne sont alimentés en eau qu'une fois par semaine et pour quelques heures seulement. Les habitants des chalets se sont constitués en association pour faire face au problème. Ils ont acheminé l'eau des puits se trouvant dans les champs (car le terrain où sont implantés les chalets était une grande ferme avec un immense vignoble pendant la période coloniale). Ils ont même fait subir les analyses nécessaires à cette eau qu'ils consomment désormais. Le travail accompli s'est avéré salvateur dans ces moments de sécheresse imposée. Une autre défaillance qui empoisonne la vie des citoyens est la route impraticable qui relie les chalets à la ville. Le projet de sa réfection n'a pas été mené à terme et la route est devenue boueuse, endommagée par les poids lourds des chantiers et détériorée par les eaux pluviales et les égouts éventrés qui se déversent à ciel ouvert. Ils sont obligés de remonter la route à pied pour s'exposer au grand danger de la route. Dans le chapitre de l'hygiène, les ordures s'entassent partout et attirent un grand nombre de sangliers qui investissent les lieux, menaçant ainsi les habitants. Ceci en plus de la pollution qu'engendre ce comportement. Les occupants de ces chalets aspirent à de meilleures conditions de vie. Seul un programme de logements conséquent peut venir à bout de leurs souffrances.