Les auditions du procès en appel du séisme de Boumerdès ont commencé hier dans la salle de conférences de l'université M'hamed Bougara. C'est le cas de la cité des 80 Logements de Zemmouri qui a été examiné. Cinq accusés (l'ex-directeur général de l'OPGI de Boumerdès, 2 entrepreneurs, le responsable du bureau d'études et l'ingénieur du CTC ayant assuré le suivi des travaux) ont eu à répondre aux questions du juge, du procureur et des avocats de la défense. Ils avaient tous été condamnés à une peine de 2 ans de prison ferme assortie d'une amende de 5 000 DA en première instance. Ont aussi répondu à plusieurs séries de questions, les experts des commissions ministérielles et judiciaires désignées après la catastrophe à l'effet de trouver les véritables causes de l'effondrement des bâtiments de ladite cité. L'accusation retient contre les 5 accusés plusieurs « erreurs qui ont contribué à l'effondrement des bâtisses ». Ce qu'ils ont tous rejeté en arguant avoir « respecté les règles à tous les niveaux ». L'ex-directeur de l'OPGI a déclaré au juge qu'il ne peut pas être tenu responsable des malfaçons relevées par les experts, du moment que « cela n'est pas l'œuvre propre de l'OPGI. » « Notre organisme est responsable de la gestion administrative et financière, l'aspect technique relève d'autres structures avec qui nous contractons des contrats de travail », s'est-il défendu. Les entrepreneurs ayant construit les bâtiments de cette cité ont dit avoir à chaque fois levé toutes les réserves émises par le CTC et le bureau d'études et qu'ils ne passaient à une étape supérieure qu'une fois la réception dûment faite, avec un procès-verbal de réception. L'ingénieur du CTC qui suivait les travaux a dit que tous les procès-verbaux nécessaires à prouver un bon suivi du chantier ont été remis à la justice. A souligner que dans ce dossier, il n'y a eu aucune victime, car les bâtiments effondrés n'étaient pas encore habités lors du séisme. Et il s'en trouve même un bâtiment qui a résisté à la secousse et qui est toujours habité. Ce qui a servi à la défense pour insister sur le « bon travail effectué dans cette cité ». Un expert de la commission ministérielle a insisté que les bâtiments s'étaient écroulés sous la puissance de la secousse et que les erreurs relevées dans l'acte de construire n'étaient qu'un facteur aggravant. Les avocats ont insisté que « c'est le règlement parasismique de 1988, selon lequel ont été réalisées ces constructions, qui n'étaient pas conforme à la réalité sismique de la région ». Un autre avocat a rappelé que les expertises ont révélé que l'acier utilisé dans ces constructions contenaient un fort taux de carbone. Ce qui le rend très fragile. La défense a ainsi conclu à la culpabilité des pouvoirs publics et l'innocence des accusés. Les avocats ont exprimé leur étonnement de voir que l'expert désigné par la justice « deux ans après le séisme » a conclu à des « erreurs et des malfaçons », alors qu'il écrit dans son rapport qu'en arrivant sur les lieux il avait trouvé un terrain vague vu que tout avait déjà été déblayé. « Sur quelle base peut M. Guechou dire qu'il y a eu des fautes, lui qui s'est basé sur le rapport d'expertise de la commission ministérielle et qui n'a mis que 19 jours pour rendre ses conclusions ? », s'est-on interrogé.