Perché sur les hauteurs de la commune d'Ouzellaguen, à 11 km au nord du chef-lieu communal d'Ighzer Amokrane et à 2 km en amont du village historique d'Ifri, Ighbane est un hameau entièrement reconstruit par ses quelque 700 habitants après qu'il eut souffert des raids de l'armée coloniale lors de la guerre d'indépendance. Malgré son éloignement des centres urbains et la rudesse hivernale, les villageois n'ont pas cessé de rechercher une sédentarité au pied de leur montagne. Des programmes de développement rural ont été montés par les gouvernements successifs pour, justement, limiter l'exode des populations campagnardes vers les villes, mais, curieusement, « aucun habitant d'Ighbane n'a bénéficié de l'aide de l'Etat dans le cadre du Fonds national d'aide à l'agriculture (FNDRA) », affirme M. Mokrane Yalaoui, président de l'association socioculturelle du village. Près de deux années après la réponse favorable du subdivisionnaire de l'agriculture d'Akbou quant à l'ouverture de 4 km de pistes agricoles et l'aménagement des sources Zefli et Lekhmis dans le cadre de la décision ministérielle n°353 du 30 septembre 2002, fixant les conditions d'éligibilité au soutien sur le fonds spécial de mise en valeur des terres, « aucune suite concrète n'a été enregistrée sur le terrain », constate notre interlocuteur. « L'aménagement d'ouvrages le long du tronçon de route Ldjemâa-Timiliouine ainsi que le bitumage de la piste cahoteuse Ighbane-Ighil Oudlès sur une longueur de 1,7 km nous aideront à sortir de l'isolement » ,ajoutera-t-il. Les préoccupations des habitants d'Ighbane, à l'instar de tous ceux qui ont choisi de vivre dans ces zones reculées, sont nombreuses. Carrière indésirable Le danger que constitue le poste transformateur de ligne électrique de moyenne tension implanté au niveau de la place publique du village et dont le pylône incliné menace effondrement constitue une inquiétude permanente. L'APC d'Ouzellaguen a bel et bien saisi, de son côté, Sonelgaz quant à son déplacement loin des habitations, en vain. L'autre souci majeur qui irrite présentement les villageois concerne le projet d'exploitation d'une carrière au lieudit Tizi n'Chréa. Les habitants des villages Ighbane, Timiliouine, Ifri, Issegwane et Izemourène ont émis une opposition ferme sachant pertinemment les conséquences désastreuses qu'elle ne manquera pas d'engendrer sur la santé publique, la faune et la flore. Si les autorités locales n'arrivent pas à satisfaire pleinement leurs doléances, se disent-ils, qu'elles ne cautionnent pas, au moins, ce genre d'entreprises destructrices des écosystèmes de la région. L'air pur, l'eau de source et la verdure, ils y tiennent énormément car c'est ce qui fait bon vivre à Ighbane au- delà de toutes les difficultés subies dans cette zone rurale des hauteurs de la vallée de La Soummam.