Les pluies qui se sont abattues sur la capitale, jeudi matin, n'ont pas été sans conséquences : trois morts par électrocution au centre-ville. Vers 9h, la rue Hassen Brakbi était, comme d'habitude, inondée. Mais il en fut autrement en cette matinée de jeudi où deux frères trouveront la mort. Selon des locataires, Farid Taharount, âgé de 25 ans, est sorti de l'immeuble pour déplacer la voiture de son père. « Mais comme la rue était inondée, il a préféré sortir par un passage dérobé de la boucherie qui donne sur cette rue. A peine met-il un pied dehors qu'il est terrassé par une décharge électrique, s'affalant à terre en lançant un ‘yemma' pathétique », racontent-ils. Son frère, Redouane, plus âgé de 5 ans, entendant les cris, ira lui porter secours. Il connaîtra le même sort. « Il sera lui aussi happé par la décharge électrique qui courait sur la chaussée », insistent les voisins. Pour eux, l'endroit est devenu, « l'espace de quelques minutes, un véritable traquenard. Personne n'osait s'en approcher. Un employé de Todini, entreprise italienne chargée de l'électrification du réseau ferroviaire dont les ateliers se trouvent là, courra pourtant à la rescousse ». « Il surgira de derrière les barricades séparant les rails de la rue. Même destin, il mourra avec les deux frères », assure un vendeur qui assistait, « surpris » à la scène. Un collègue de Farès dira que l'employé avait eu un comportement irréprochable. « Manœuvre de son état, il était là depuis deux ans. C'était un touche-à-tout qui s'essayait à la conduite des engins », fait-il remarquer la mine défaite. « C'est le 3 juillet qu'il a conclu son contrat de mariage prévu le 15 août. Le destin en a décidé autrement », se désole-t-il. « Le père, diabétique, des deux frères se trouvait au balcon. Ne supportant pas la scène de ses fils agonisants il tombe à la renverse », raconte son gendre, qui affirme que aâmi Ali a neuf enfants, dont ces deux « victimes expiatoires » de la bêtise des hommes. Le cadet s'apprêtait à se rendre à Béjaïa alors que l'autre, Redouane, pompier de son état, préparait son mariage. La conviction des résidents de l'immeuble n°10 est faite : la version d'un « câble électrique qui a lâché » défendue à la télévision par la Protection civile n'est pas exacte. Les équipes de Sonelgaz viendront prospecter les lieux et couper l'alimentation en électricité du magasin mis en cause. Dans un communiqué rendu public, Sonelgaz affirme que la cause probable de l'accident serait un défaut dans l'installation électrique du chantier de Todini, qui aurait provoqué des tensions, aggravées par l'inondation des lieux. « Le groupe électrogène du chantier Todini était en fonctionnement au moment de l'accident », peut-on y lire.