L'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) et le Conseil national économique et social (CNES) ont exprimé dimanche la convergence de leurs points de vue sur l'urgence de lutter contre le renchérissement des produits alimentaires et de préserver le pouvoir d'achat des salariés. Lors d'une rencontre ayant regroupé l'UGTA et le CNES, des représentants de ces derniers ainsi que leurs responsables ont été unanimes sur la nécessité de débattre de la question de l'augmentation des prix afin de soulager le pouvoir d'achat de la population et d'éviter ce qu'ils ont qualifié de "catastrophe". La régulation et le contrôle sont les sujets qui sont revenus le plus souvent dans les interventions, outre l'augmentation de la production et la baisse du recours à l'importation. Le président du CNES, Mohamed Seghir Babes qui a qualifié une telle situation d'"inadmissible", a souligné que même si la baisse de la production et les spéculateurs sont les "facteurs apparents" de l'augmentation des prix, "tous les intervenants dans la chaîne de spéculation ne sont pas visibles". Reconnaissant que "le problème n'est pas simple", M. Babes a proposé de dresser un bilan de la situation. Il a estimé, à ce sujet, que "derrière le manque de production et les spéculateurs, qui s'enrichissent considérablement en un temps record, il est fortement probable de découvrir d'autres facteurs, failles et manquements qui facilitent ces pratiques spéculatives". Le président du CNES a évoqué la possibilité de devoir recourir à la révision de certains textes de loi, de procédures et de la réglementation, ainsi que d'agir "autrement" pour lutter contre le phénomène qui pénalise les petites bourses". "Il faut que le pouvoir public réinstaure son autorité", a-t-il martelé, estimant que "la transition de l'économie administrée vers l'économie de marché s'est faite sans logique", et que l'économie se trouve aujourd'hui entre ces "deux berges". Il a également déploré ce qu'il a appelé "l'absence de l'Etat stratège, de l'Etat puissance et de l'Etat régulateur". M. Babes a, par ailleurs, souligné que les éléments édictés par le programme du chef de l'Etat sur le pacte économique et social de 2004 "n'ont pas tous été mis en œuvre". Lors de la rencontre qui a regroupé l'UGTA et le CNES au siège de ce dernier, un groupe de réflexion conjoint sur la problématique de la hausse des prix des produits alimentaires a été installé. Le groupe est appelé à élaborer un mémorandum sur la politique des prix et la maîtrise du pouvoir d'achat. M. Babes a indiqué que le groupe sera élargi à d'autres acteurs, notamment du secteur économique et que "les systèmes de gouvernances seront interpellés non pas pour faire de procès mais pour déterminer ceux qui profitent des failles". Lors du débat, plusieurs intervenants des deux instances ont souligné que l'augmentation des prix pose la question de la promotion de la production nationale. Taib Louati, un expert de l'UGTA, a proposé la révision et la redéfinition du salaire national minimum garanti (SNMG) dans le code du travail. Pour sa part, Badredine mohamed Lakhdar, syndicaliste, a exprimé son inquiétude quant à la situation générale de l'économie nationale, appelant à impliquer tout le monde dans le débat, car, pour lui, "il y a un risque de catastrophe s'il n y a pas une prise en charge réelle de la situation". Membre du CNES, Mohamed Bouhali a estimé que la situation actuelle n'est que "l'effet d'une organisation économique", appelant à faire d'abord, un état des lieux de la situation économique avant de s'attaquer aux causes des augmentations des prix. L'intervenant a proposé d'aller vers une politique sociale de régulation. Bouras Djoudi, membre du CNES, a estimé, quant à lui, que l'inflation "est au cœur de l'ensemble du processus économique". Pour lui, les facteurs qui sont derrière l'inflation sont notamment, "la fragilité de la production, la fragilité structurelle dans le système de change et la fragilité structurelle de l'Etat".