La dépouille mortelle de la cantatrice algérienne Warda El Djazaïria, décédée jeudi au Caire d'une crise cardiaque à l'âge de 72 ans, est arrivée vendredi à 21h30 locales à l'aéroport d'Alger à bord d'un avion spécial, en provenance de la capitale égyptienne. Le corps de la chanteuse disparue, qui doit être inhumée demain samedi, a été porté au bas de l'avion par un détachement de la Protection civile. Parmi les personnalités présentes à l'aéroport international Houari-Boumediene, figuraient le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, et les ministres de la Culture et de la Communication, respectivement Mme Khalida Toumi et M. Nacer Mehal. Une foule nombreuse, composée notamment d'artistes et d'hommes de culture, est venue également saluer la mémoire de la diva. Dans un climat de recueillement et de forte émotion, tous les présents, dont certains étaient en pleurs, ont observé un moment de silence devant le cercueil recouvert de l'emblème national avant de réciter la Fatiha à la mémoire de celle qui, par son art sublime, n'a jamais manqué un rendez-vous national important de l'Algérie indépendante. La cérémonie a été retransmise en direct par la Télévision nationale. L'enterrement de la regrettée artiste aura lieu demain samedi au cimetière El-Alia à Alger, après une cérémonie publique de recueillement au Palais de la culture, prévue à partir de 9h00 du matin. De son vrai nom Warda Ftouki, la princesse du Tarab est née en 1939 en France d'une mère libanaise et d'un père algérien, Mohammed Ftouki, originaire de Souk Ahras, dans l'est de l'Algérie. Elle commence à chanter dès son jeune âge durant les années 1950 dans un établissement artistique appartenant à son père, avant d'entamer une riche carrière artistique en Orient, en Egypte surtout, où elle rencontre de grands noms de la chanson arabe, comme Mohamed El Moudji, Ryad Essambati, Mohamed Abdelwahab et Baligh Hamdi, un temps son époux, qui lui composeront autant de chefs d'oeuvre de la chanson sentimentale. A l'occasion du 10è anniversaire de l'indépendance de son pays, en 1972, la chanteuse a offert au peuple algérien -à Alger- un inoubliable chant patriotique ("Min baide", De loin), véritable hymne à la gloire de l'Algérie libre mais aussi à son propre retour au pays après une longue absence, à l'invitation du président Houari Boumediene. Evénement national à l'époque, son séjour à Alger a été l'occasion de retrouvailles particulièrement émouvantes entre un peuple et une artiste de talent au répertoire exceptionnel et, plus encore, une femme de c£ur à l'attitude digne et engagée quelles que soient les circonstances. Elle récidive le 5 juillet en 1982, vingt ans jour pour jour après l'indépendance, en interprétant une autre chanson patriotique tout aussi éternelle (Aid El Karama, la fête de la dignité), puis encore en 1987 avec d'autres succès dédiés aux combats de son pays pour la liberté et le développement. Durant les années 1990, elle se lance dans la chansonnette en s'imposant à la jeune génération de chanteurs grâce aux titres "Haramt Ahibek", "Betwenes Bik", "El Ghira", "El Ghorba" et "Ya khsara", et bien d'autres. L'interprète de "Fi Youm Wi Lila" ou encore "Lawla El Malama" a vendu plus de 20 millions d'albums à travers le monde pour un riche répertoire de plus de 300 chansons. Avant son décès, Warda a tourné une vidéo-clip à la gloire de l'Algérie intitulé "mazal wakfin" (nous sommes encore debout), à l'occasion du 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962, diffusé depuis la fin avril sur toutes les chaînes de la télévision et de la radio algériennes.