De père algérien et de mère libanaise, Warda El-Djazaïria, de son vrai nom Warda Ftouki, est née le 22 juillet 1939 en France. Très jeune, elle montre son attirance pour la chanson. Elle commence d'ailleurs, vers 1951, à chanter dans un établissement artistique appartenant à son père, avant d'entamer une carrière en Orient. Une belle voix, une présence sur scène, le succès est vite au rendez-vous. Avec le déclenchement de la guerre de libération nationale, elle commence à interpréter des chants patriotiques en faveur de la cause algérienne. Des concerts, des tournées dans le monde arabe. Les recettes étaient versées au FLN. En 1958, à cause de son militantisme, elle est obligée de quitter la France pour le Maroc, puis le Liban. Elle reviendra en Algérie en 1962 où elle épousa un militaire qui lui interdit de chanter. En femme dévouée, elle renonce à son rêve et à sa passion. C'est en 1972, à la demande du président Houari Boumediene qu'elle fait son retour sur la scène artistique, à l'occasion de la commémoration de l'indépendance de l'Algérie. Son époux demande le divorce, elle part en Egypte pour poursuivre sa carrière. Elle retrouve le compositeur égyptien Baligh Hamdi qu'elle épouse par la suite. Très vite, elle collabore avec les grands maîtres de la chanson arabe, à l'image de Mohammed Abdelwahab, Riyadh Soumbati, Hilmi Bakr et Sayed Mekawi. C'est l'une des rares rescapées de l'invasion de la chansonnette. Elle a su s'adapter à son époque. Avec “Betwennis bik”, “Haramt ahebbek”, “Nar el ghira”, “El ghorba”…, elle a rompu avec la traditionnelle chanson arabe, tout en gardant la beauté du rythme et des paroles. Tenace, elle n'a pas baissé les bras. Forte d'un répertoire de plus de 300 chansons, Warda El- Djazaïria a vendu plus de 20 millions d'albums à travers le monde. Outre la chanson, la diva s'est essayée au cinéma et à la télévision, avec notamment “La voix de l'amour” et “Mon destin et moi”. Sa vie a été un florilège de rencontres et de duos. Elle a même chanté avec Michel Fugain, “Chante la vie chante”, ou Charles Aznavour. R. C.