Le chef historique du parti islamiste Ennahda, Rached Ghannouchi a prôné dimanche une politique de "consensus national" durant la phase de transition démocratique en Tunisie, dénonçant des tentatives de division de la société. "Les objectifs de la révolution ne peuvent être atteints qu'à travers un consensus national", a-t-il déclaré dans un discours à l'occasion du 31e anniversaire de la naissance du mouvement islamiste tunisien, devenu Ennahda (Renaissance), puis légalisé en mars 2011 dans la foulée du soulèvement populaire qui chassé Ben Ali le 14 janvier. "En cette étape difficile, nous avons besoin de consensus et de réconciliation, des exigences dictées par l'intérêt national, au-dessus des calculs partisans étroits", a martelé M. Ghannouchi au Palais de congrès de Tunis sous les applaudissements de centaines de ses partisans et invités. En guise de consensus, Ennahda avait renoncé à adopter la charia (loi islamique) comme principale source de législation dans la future constitution. M. Ghannouchi a déploré l'absence de "conditions de dialogue national" et insisté sur l'urgence d'assainir les secteurs judiciaire et de la sécurité dans la nouvelle Tunisie. "1987-2011: années de braise", déclinait une immense banderole, alors qu'un documentaire sur l'histoire du mouvement islamiste projetait des images de torture dans les locaux du ministère de l'Intérieur sous le règne du président déchu Ben Ali. Formation majoritaire au pouvoir, traversée par des courants plus ou moins modérés, Ennahda réunira son congrès en juillet, huit mois avant les prochaines élections prévues en mars 2013.