Deux journalistes d'une chaîne de télévision locale de Misrata, dans l'ouest libyen, ont été enlevés dans la ville de Bani Walid, l'un des derniers bastions du défunt dictateur Mouammar Kadhafi, a-t-on appris mercredi de sources concordantes. Cet enlèvement a fait monter la tension entre les deux villes dont les relations sont déjà tendues, une partie des combattants anti-Kadhafi qui ont participé au siège et à l'assaut contre Bani Walid jusqu'en octobre dernier étant originaire de Misrata. Les deux cameramen de la chaîne Tobacts TV, Abdelkader Fosouk et Youssef Badi, ont été arrêtés samedi après s'être rendus à Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli) pour y couvrir les élections législatives, selon la chaîne. Sur une vidéo publiée sur internet, les deux journalistes qui semblaient en bonne santé, ont affirmé avoir été arrêtés, sans préciser par qui, pour entrée "illégale" à Bani Walid et pour avoir filmé des sites militaires. Le gouvernement et l'armée ont demandé leur "libération immédiate", affirmant que l'application de la loi était du seul ressort de l'Etat et de ses services de sécurité. Des émissaires du Conseil national de transition (CNT, au pouvoir) et du gouvernement se sont rendus dans la ville pour obtenir la libération des deux hommes, afin d'éviter que la situation ne dégénère entre les deux villes. Des commandants ex-rebelles de Misrata ont menacé mardi d'attaquer Bani Walid si les deux journalistes n'étaient pas libérés. L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a condamné "l'enlèvement et le maintien en détention des deux cameramen libyens, qui, en plus d'être injustifiés et de constituer une grave atteinte à la liberté d'information, ne font qu'exacerber des tensions régionales déjà particulièrement fortes". "Nous condamnons également tout recours à la force pour obtenir leur libération", a averti RSF dans un communiqué. En l'absence d'une véritable armée et de services de sécurité, les ex-rebelles ayant participé à la guerre contre les forces du régime de Kadhafi, continuent à faire la loi dans le pays, malgré l'intégration de milliers d'entre eux dans l'armée.