Les remises pratiquées sur l'assurance tous-risques automobile seront bientôt plafonnées à la faveur d'un protocole d'accord signé récemment par 13 compagnies offrant ce produit et approuvé la semaine dernière par le ministère des Finances, a indiqué jeudi à Alger un responsable d'une compagnie d'assurance. "Le protocole d'accord que nous avons signé en juin a été approuvé par le ministère des Finances le 4 juillet. Nous allons bientôt fixer les mécanismes de sa mise en œuvre pour que les réductions en questions soient plafonnées dès la prochaine rentrée", a déclaré le PDG d'Alliance assurances (privée), Hassen Khelifati, lors d'une journée d'information sur l'expérience de sa compagnie en Bourse. "Il fallait mettre fin à l'anarchie qui a caractérisé pendant longtemps les réductions offertes sur l'assurance automobile ... des remises de 70%, de 80% voire de 90% nuisent aux assureurs mais aussi aux assurés qui ne peuvent avoir un service de qualité avec les prix offerts jusqu'à présent", a-t-il soutenu. L'accord signé par 13 assureurs publics et privés fixe à 50% les abattements sur les tous risques automobiles au profit des entreprises et à 30% les remises en direction des particuliers, a rappelé M. Khelifati. Le tarif de l'assurance RC (responsabilité civile), appelée assurance de base, étant réglementé, n'est pas concerné par le nouvel accord, a-t-il précisé. "C'est la première fois que les assureurs publics et privés arrivent à s'entendre pour mettre en place un mécanisme permanent de régulation et de concentration", s'est-t-il réjoui. Selon le même responsable, à cause de plusieurs facteurs dont les réductions anarchiques des tarifs, les compagnies algériennes d'assurance "n'arrivent même pas à réaliser le chiffre d'affaires des entreprises tunisiennes malgré les potentialités énormes du marché algérien". Le chiffre d'affaires du secteur des assurances a augmenté de 6,9% à 87,3 milliards de DA en 2011. La branche automobile, qui génère plus de la moitié de la production du secteur, a progressé de 9,5% en 2011 à 43,4 milliards de DA. La "juste tarification" n'est qu'une affaire de "bon sens", selon lui. Les assureurs algériens remboursent aujourd'hui 3 à 5 DA pour chaque dinar encaissé, une "saignée" qui doit être arrêtée, regrette-t-il. Cependant, il ne faut pas faire l'amalgame entre le plafonnement des remises et l'augmentation des tarifs, souligne-t-il. "Ce sont les réductions qui seront limitées et non pas les tarifs qui seront augmentés (....) en plus, si les assurés veulent qu'on leur améliore la qualité de service et qu'on diminue les délais de remboursement, ils faut qu'on leur rembourse aux vrais tarifs et il faut qu'ils paient la contrepartie", a-t-il dit. Par ailleurs, M. Khelifati a appelé le gouvernement à "libérer l'initiative bancaire pour permettre aux banques publiques de booster le marché financier". Plus explicite, il a souligné que des détenteurs d'actions des trois entreprises cotées en Bourse (Aurassi, Saidal et Alliance) trouvent parfois des difficultés, lorsqu'ils ont besoin de liquidité en urgence, à vendre leurs actions, une situation qui peut changer si les banques pourraient intervenir en achetant et en vendant des titres. "La seule façon pour assurer la liquidité des titres c'est que les banques publiques, en surliquidité sans égale, prennent le risque et investissent le marché financier", a-t-il poursuivi. Le gouvernement est appelé à autoriser les banques publiques à créer des livrets d'investissement destinés à l'achat et la vente des titres boursiers, précise-t-il. Un budget total de 2 à 3 milliards de DA, réparti entre les six banques publiques suffirait, selon M. Khelifati, à régler le problème de la liquidité des titres, qui pèse lourdement, dit-il, sur l'émergence d'un marché boursier en Algérie. Alliance assurances, seule société privée cotée en Bourse (mars 2011) a réalisé l'année dernière un chiffre d'affaires "provisoire" de 3,9 milliards de DA contre 3,4 milliards de DA en 2010, en hausse de 15%. Sa part de marché est ainsi passée à 5% en 2011 contre 0,7% en 2006. De son côté, le directeur général de la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV), Mustapha Ferfera, qui avait annoncé mercredi à l'APS, l'entrée probable en Bourse de trois sociétés algériennes à capitaux privés mixtes avant la fin de l'année, a fait savoir qu'une dizaine d'intention d'entrée ont été manifestées, mais des "entraves d'ordre juridique" bloquaient leur aboutissement. L'opérateur téléphonique koweitien, connu sous le nom commercial de Nedjma, à titre d'exemple, veut ouvrir 25% de son capital mais, remarque M. Ferfara, il doit d'abord régler un problème juridique majeur : se soumettre à un partenariat avec un opérateur algérien et sous la règle 49/51%.