Un programme national d'assainissement des activités commerciales informelles a été mis en œuvre, ces deux dernières années, pour endiguer ce phénomène à travers l'intégration des commerçants informels dans les circuits officiels. De nombreuses mesures destinées à la résorption du commerce informel ont été ainsi prises par le ministère du Commerce ou en concertation avec celui de l'Intérieur et des collectivités locales, a indiqué à l'APS Amara Boushaba, directeur de l'organisation des marchés, des activités commerciales et des professions réglementées au ministère du Commerce. Lors d'un Conseil des ministres tenu début février 2011, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait instruit le gouvernement d'"alléger" les formalités et procédures destinées au transfert du petit commerce informel sur la voie publique vers des sites aménagés, en "concertation" avec les associations et représentants des concernés. Les mesures ainsi prises portent, particulièrement, sur "l'élaboration d'un plan d'insertion des intervenants informels dans l'économie formelle, l'organisation et l'aménagement des espaces commerciaux réglementés et la régularisation de la situation juridique des marchés non réglementés". Elles ont trait également, a-t-il poursuivi, à "l'encadrement et la résorption de l'activité commerciale informelle par l'implication de tous les services concernés, la définition des mesures opérationnelles et la réalisation de nouvelles infrastructures". Parmi les mesures proposées par le département du Commerce, M. Boushaba a cité l'instruction interministérielle (Commerce-Intérieur) de mars 2011, adressée aux walis en vue de la mise en place d'une commission de wilaya, chargée d'examiner les voies et moyens de traitement de ce phénomène. Cette instruction prévoit ainsi la prise de mesures urgentes et appropriées en vue de la résorption de l'informel, le recensement des sites informels, du nombre et de l'identification des intervenants ainsi que l'élaboration d'un plan d'insertion dans des espaces commerciaux réglementés et aménagés par un financement local. Elle prévoit aussi la contribution des collectivités locales à la réalisation de nouvelles infrastructures commerciales et au réaménagement de certaines structures existantes. Une mesure prise en charge par le ministère de l'Intérieur qui a bénéficié d'une enveloppe financière de 4 milliards DA, à raison de 2 milliards pour 2011 et 2 milliards pour 2012. La résorption de l'informel en Algérie s'est traduite également par la réhabilitation des infrastructures existantes. Une opération pour laquelle le ministère du Commerce a dégagé un financement d'un montant de 5,9 milliards DA. Selon M. Boushaba, l'insuffisance d'infrastructures commerciales adéquates, a créé un système de pseudo marchés qui s'est développé au milieu d'habitations, sur des terrains vagues, et surtout dans des lieux incommodes et dangereux, dans les rez-de-chaussée des immeubles, ou de villas, vides sanitaires des cités d'habitation, routes nationales et parkings de cités. "Constitué comme principale voie d'approvisionnement des consommateurs et des ménages, ces lieux ne répondent à aucune règle ou norme de commercialité, d'hygiène et de sécurité", relève ce responsable. La disparition de la grande distribution, assurée par les ex Aswaks El fellahs, galeries algériennes... qui approvisionnaient les citoyens en tous produits a laissé place à un système d'approvisionnement déstructuré, improvisé et échappant à tout contrôle. "Un équilibre fragile du marché s'est créé puis installé sous cette forme et il s'est constitué comme principal voie d'approvisionnement des consommateurs et des ménages", avait souligné le ministre du Commerce, Mustapha Benbada en mars dernier. Pour lui, la réorganisation des marchés, à travers une logique nationale qui devra intégrer tous ces opérateurs s'impose aujourd'hui. Selon le ministre, ces marchés nécessitent une reconversion par leur intégration dans des lieux salubres, dignes et offrant toutes les conditions d'hygiène et de sécurité, conformément aux normes admises. Des experts avaient soulignaient la nécessité de lutter contre le fléau de l'informel, préconisant de formaliser ce phénomène par une prise en charge progressive, durable et multidimensionnelle. Le spécialiste de l'économie informelle, le péruvien Hernando De Soto, avait plaidé, lors d'un colloque international tenu à Alger, pour l'inclusion du secteur informel dans le système légal, une action indispensable pour assurer la croissance économique, avait-il estimé. De son côté, Jacques Charme, de l'université Paris Descartes, avait affirmé, lors du même colloque, que les politiques de formalisation de l'informel "doivent être plus incitatives que répressives". Selon ce spécialiste, intervenir sur un secteur qui contribue à l'emploi de près de 40% de la population active dans le monde, requiert de disposer d'informations suffisamment fiables et précises. "Les résultats du dernier recensement économique effectué par l'Algérie sont, de ce point de vue, essentiels", avait-il soutenu. Selon une enquête de l'Office national des statistiques (ONS), la population activant dans l'emploi informel en Algérie a "plus que doublé" en 10 ans, passant de 1,6 million en 2001 à 3,9 millions en 2010, dont près de la moitié (45,3%) active dans le secteur du commerce et services.