Le président tunisien Moncef Marzouki a jugé mercredi, dans un discours devant l'Assemblée nationale constituante, qu'une démocratie véritable devait être mise en oeuvre, faute de quoi une nouvelle révolution interviendrait. "Le peuple qui vous a élus n'acceptera pas une démocratie de façade, il pourrait alors être poussé à une nouvelle révolution", a-t-il déclaré, à l'occasion de la Fête de la République. "Quelle valeur pour une démocratie qui ne nourrit pas les ventres affamés?", a-t-il lancé devant les députés. "La révolution (de janvier 2011) nous a permis de parachever notre indépendance et nous a offert la démocratie et la République (...) mais ni l'indépendance ni la démocratie ni la république ne sont des acquis garantis à long terme", a encore relevé M. Marzouki. Il a une nouvelle fois assuré que l'objectif était la tenue d'élections générales au printemps 2013, après l'adoption d'une nouvelle Constitution. Des désaccords profonds opposent les membres de la coalition au pouvoir concernant la nature du régime qui découlera de la nouvelle loi fondamentale, et aucun compromis n'est en vue. Les islamistes d'Ennahda, qui dominent le gouvernement, réclament un régime parlementaire pur. Ses partenaires de centre-gauche -- le Congrès pour la république de Moncef Marzouki et Ettakatol -- veulent eux que le chef de l'Etat conserve des prérogatives importantes. Le Premier ministre Hamadi Jebali (Ennahda) et le président de l'ANC, Mustapha Ben Jaafar (Ettakatol) se sont aussi exprimés devant l'Assemblée mercredi, mais leurs discours n'ont pas non plus laissé entendre qu'un compromis se dessinait. L'opposition parlementaire craint qu'Ennahda ait des tentations hégémoniques et une islamisation rampante de la société tunisienne.