La Libye n'est pas l'Afghanistan!", lance une manifestante venue protester à Tripoli avec des dizaines d'autres contre la destruction de mausolées par des extrémistes. "Avant tout, va te couvrir la tête", lui crie un barbu gardant les lieux. "Pas de provocation. Laisse-les! Avec ce soleil, ils ne vont pas rester longtemps", intervient un de ses collègues. Malgré la chaleur, des manifestants ont répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux pour dénoncer la destruction par des islamistes radicaux de mausolées de saints musulmans. Les manifestants se sont donné rendez-vous sur la place d'Algérie, dans le centre de Tripoli, avant de se diriger vers les décombres du mausolée al-Chaab al-Dahmani, à quelques centaines de mètres de là, détruit samedi par des intégristes. Des engins de chantier étaient à l'oeuvre pour ramasser les gravats du sanctuaire, en face d'un hôtel luxueux. D'autres mausolées de saints musulmans et soufis ont été détruits et leurs tombes profanées depuis vendredi à Misrata, et Zliten, sur la côte à l'est de Tripoli. Dans la capitale, des membres des services de sécurité, dont des barbus, accusés de laxisme voire d'implication dans l'attaque contre le mausolée, ont fermé la rue à la circulation, après avoir empêché des journalistes de prendre des photos du site. "L'extrémisme est rejeté", "Non à la destruction de nos monuments", "L'islam rejette la profanation des tombes", proclament des pancartes brandies par les manifestants.