Perché sur une colline donnant sur la Syrie, Minjez est un village chrétien dans le nord du Liban d'apparence bucolique et paisible le jour. Mais la nuit, ses 200 habitants vivent, terrorisés, au rythme des obus venant de la Syrie voisine. "Nous ne fermons pas l'oeil la nuit. L'autre fois, un obus s'est abattu sur une maison, heureusement que personne ne s'y trouvait", raconte Marcèle Chahine, 37 ans, à la sortie d'une messe. "Qu'avons nous à voir avec ce qui se passe en Syrie? Pourquoi nous bombardent-ils? Pourquoi payons-nous le prix?" du conflit, s'exclame cette mère de quatre enfants, appelant à l'aide l'Etat libanais. Elle traduit l'incompréhension des autres habitants de Minjez: depuis des semaines, la chute d'obus tirés par l'armée syrienne s'est intensifiée à la frontière de la bourgade maronite (catholiques orientaux), selon des témoins et les services de sécurité libanais. "Nous sommes inquiets devant cette période d'incertitude et avons peur d'une dérive confessionnelle" du conflit entre forces du régime de Bachar al-Assad et rebelles syriens, commente Victor Tannous, 45 ans, à Minjez. Ce technicien qui vit à Beyrouth est venu s'enquérir des nouvelles de sa famille après de récents bombardements. Au pape Benoît XVI qui entame vendredi une visite de trois jours au Liban, il lance un appel du fond de cette région oubliée du pays multiconfessionnel. "On demande au pape de soutenir les chrétiens, de nous encourager à rester dans nos terres, car il y a une grande peur que le chaos s'installe au Liban en raison du conflit syrien". Pour Issam, "les chrétiens pourraient payer le prix de la guerre en Syrie, d'autant plus qu'on parle de groupes extrémistes" apparus au sein des rebelles.